Préparer les élèves à des choix d'orientation non genrés - OnisepTV : l’information pour l’orientation en vidéo
Préparer les élèves à des choix d'orientation non genrés
Accompagnement des Equipes Educatives
Donc, les enfants, je vais, comme d'habitude, vous raconter une histoire, vous lire une histoire et on en parle après. Cette histoire s'appelle "La Petite araignée". "En ce temps-là, le soleil était fixé d'un côté de la Terre. L'autre moitié vivait dans le froid et les ténèbres. Aussi, les animaux du côté froid envoyèrent leurs meilleurs guerriers pour tenter de dérober un morceau du soleil et le ramener."
Je suis enseignante à l'école Jacques Prévert à Louviers depuis 8 ans, en CM2, et cette école se trouve en réseau d'éducation prioritaire.
Donc aujourd'hui, j'ai organisé un débat philo dans ma classe, avec l'intégralité de mes élèves. Et là, aujourd'hui, le thème, c'était l'égalité filles garçons.
"Lorsque les animaux s'aperçurent qu'il ne s'agissait que d'une minuscule araignée, tous se moquèrent. Allons ! Tu n'es pas un guerrier, tu n'es qu'une femelle et tu es faible. ! Comment oses-tu te proposer quand les plus grands d'entre nous ont échoué ?"
Ce débat, c'est un moment très ritualisé. C'est seulement notre quatrième débat, donc les règles se mettent en place petit à petit, mais il faut absolument que les règles soient définies à l'avance pour que ça se passe bien, que chaque élève puisse s'exprimer sans crainte d'être jugé et que ce soit vraiment un espace de liberté pour chacun d'entre eux.
Alors, avant de commencer, est-ce que quelqu'un pourrait nous rappeler les règles qu'on s'est fixées pour que tout se passe bien, qu'on puisse bien discuter ensemble ? Anna Julia ?
On ne coupe pas la parole aux autres et on ne dit pas : "Ah ! Sa question, elle est trop nulle et la mienne, elle est beaucoup mieux".
Tu veux dire on ne se vante pas, on ne se moque pas. Et pourquoi est-ce important ?
Parce que la personne peut être blessée.
Oui. Et là, quel est notre objectif à nous tous, là ?
De participer et de se sentir bien.
De se sentir bien. Parce que qu'est-ce que l'on va faire ?
On va partager un sujet.
Autour d'un sujet, oui, exactement. On va discuter. Vous vous rappelez qu'on avait dit qu'il n'y avait pas de bonnes et de mauvaises réponses. On est là pour dire ce que l'on pense. Par contre, on essaye de bien expliquer ce qu'on a dans notre tête pour que tout le monde comprenne. Voilà, est-ce que ça va ?
Oui.
D'accord. Il nous faudrait un distributeur de parole. Je vois que vous êtes très enthousiastes.
Donc on a mis en place des rôles. Il y a un distributeur de parole qui doit distribuer la parole équitablement et faire attention à ce que ce soit juste, un secrétaire qui va garder une trace écrite de qu'on se sera dit et un dessinateur qui pourra représenter l'idée générale sous la forme d'un dessin, pareil, pour qu'on puisse en garder une trace.
Alors, vous vous souvenez, on avait eu un précédent débat où on avait parlé des préjugés. Est-ce que vous vous souvenez de ce conte de "L'Homme à la hache" ?
Oui.
Vous vous souvenez que cet homme était désigné coupable par ses apparences. Vous vous souvenez de ça ? Est-ce que vous trouvez qu'il y a des ressemblances avec ce conte sur les préjugés ?
Oui, oui, oui.
Alors, expliquez-nous pourquoi, ce que vous pensez.
Maëlle.
En fait, eux, ils ont jugé la petite araignée avant qu'ils sachent qu'elle pouvait le faire, mais en vrai, elle pouvait le faire.
Exactement. Et sur quels critères l'ont-ils jugée ?
Ils l'ont jugée, parce qu'elle était petite et que c'était une femelle.
Et que c'était une femelle. Qu'est-ce que vous en pensez ? Qu'est-ce qu'on dit ? Est-ce que les filles sont pareilles que les garçons ? Est-ce qu'il y a des différences ? Si oui, lesquelles ? Et sinon, pourquoi ?
Dehlia.
Moi, je ne trouve pas, parce que les garçons peuvent être plus forts que les filles et les filles peuvent être plus fortes que les garçons.
Oui.
Aussi, les filles, des fois, aussi les filles peuvent tenter leur chance, alors que les garçons, non, ou sinon ça peut être l'inverse.
D'accord.
Adem.
En fait, je trouve qu'on n'a pas trop de différences, garçons, filles. Eh bien, on dirait que c'est pareil. Moi, j'ai l'impression que c'est pareil.
D'accord.
Alors, pourquoi juger une fille, alors que c'est pareil qu'un garçon. En fait, ils sont pareils.
D'accord. Qui pense comme Adem, que les filles et les garçons sont pareils, que ça ne fait aucune différence ? Levez la main.
Dans notre école, il y a une caractéristique assez importante, c'est que les petites filles ne s'autorisent pas à être et à penser comme les garçons. Là, au sein de la classe, beaucoup d'enfants ont des mamans qui ne travaillent pas et il m'est arrivé très régulièrement, en demandant aux enfants s'ils avaient des idées de métier, d'entendre des petites filles dire : "Moi, je veux être maman", c'est-à-dire même pas envisager la possibilité d'avoir un parcours d'étudiant, choisir un métier. L'idée, c'est de vraiment partir des stéréotypes sur les filles et les garçons tous ensemble et que chaque enfant, fille ou garçon, puisse s'autoriser à exercer n'importe quel métier sans se soucier de son genre.
Est-ce que vous pourriez nous expliquer la différence, ce que vous pensez ? Vas-y, là, tu peux.
Eh bien, par exemple, les filles, la fille et le garçon, ils n'ont pas le même corps, mais ils peuvent avoir la même intelligence et ce sont aussi des êtres humains.
D'accord. Quelles autres différences ? Donc, toi, tu parles de la corpulence, c'est ça ? D'accord.
Sami.
Moi, je crois que les filles sont parfois pareilles. Je pense que… On les tape doucement et après, elles crient.
Quand on tape les filles ?
Oui, mais doucement ! Très doucement. Elles crient. Je ne sais pas pourquoi elles crient.
D'accord. Et quand on tape les garçons, alors ?
Ça ne fait rien, nous, on ne pleure pas, nous.
Donc, ce que tu veux dire, c'est que les filles pleurent facilement ?
Oui.
C'est ça ? D'accord. D'accord. Est-ce qu'il y a d'autres enfants qui pensent qu'il y a des différences entre les filles et les garçons ?
Souvent, en tant qu'enseignant, on a tendance à se mettre face à eux et à leur laisser entrevoir les bonnes et les mauvaises réponses. Là, ce qui est intéressant, c'est qu'ils sentent que je ne juge pas leurs propos, parce que sinon, on confisque le débat et le propos. Et là, il est vraiment important, pour qu'on puisse avancer et acquérir une réflexion intéressante, qu'ils ne sentent pas ce que je pense.
Moi, je ne suis pas trop d'accord avec ce que Adem a dit, parce qu'il y a des enfants, il y a des garçons aussi qui peuvent être sensibles par rapport aux filles, et les filles aussi, elles peuvent être courageuses, un peu plus courageuses que les garçons. Et il y a des garçons qui peuvent être plus courageux que les filles.
Mais du coup, vous êtes d'accord ? Parce qu'Adem disait justement que les préjugés qu'on a sur les garçons et sur les filles ne sont pas toujours valables.
Après, Adem, il a raison, on a les mêmes qualités et pas forcément, des fois, mais sinon, d'accord.
Mais est-ce que c'est le fait d'être un garçon ou une fille qui détermine ce qu'on est ?
Non.
On est tous d'accord là-dessus ou il y a des enfants qui pensent que ce n'est pas vrai ? Qu'il y a des choses qui déterminent ?
Moi, je ne suis pas d'accord avec ce qu'il dit, Sami, parce que nous, les filles peuvent des fois ne pas être sensibles. Des fois, elles ne crient pas forcément et elles ne pleurent pas facilement. Par exemple, si on crie, ça veut dire que ça nous énerve ou quelque chose comme ça, si on pleure, ça veut dire que ça nous blesse ou des choses comme ça. Des fois, on ne va pas pleurer facilement, on ne va pas pleurer pour rien.
D'accord. Et est-ce qu'il n'y a pas des garçons qui peuvent être sensibles, aussi ?"
Je pense que la thématique les a intéressés et il a fallu un petit temps d'adaptation. Mais j'ai senti que les propos des uns et des autres faisaient réagir, que chaque enfant avait envie d'exprimer son point de vue et que les points de vue étaient plutôt nuancés. Et je pense qu'il y a des enfants qui ont peut-être commencé à avancer dans leur réflexion. Mais en tout cas, ils se sont tous exprimés sans crainte, j'ai senti qu'ils s'étaient exprimés librement et c'est l'objectif visé.
Clarisse Desert, enseignante de CM2 anime une séance de classe qui s'inspire d'un débat philo. La lecture d'une histoire va servir de support à ce débat autour des questions de stéréotypes de genre. L'objectif pour l'enseignante, est de permettre aux élèves de sortir de ces stéréotypes afin de s'autoriser des métiers.
Vidéo publiée en mai 2024
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