Je suis Nicolas Garros, je suis juge administratif au tribunal administratif d'Orléans.
Au collège, j'étais un élève assez scolaire, plutôt bon élève. Après le collège, je suis allé au lycée où j'ai passé un bac scientifique. Et après mon bac scientifique, je suis rentré dans un établissement, ce qu'on appelle un pôle supérieur d'enseignement artistique. Parce qu'en fait, j'étais passionné de musique, j'ai fait du chant et après j'ai commencé un instrument que j'ai beaucoup joué qui s'appelle le trombone. Et donc je me destinais plutôt à faire de la musique au départ. Malheureusement, j'ai eu une blessure musculaire qui a fait que je ne pouvais pas continuer la pratique de mon instrument à haut niveau.
Donc, j'ai repris des études en droit à 21 ans. J'ai suivi un parcours très classique. J'ai fait un master en droit. Ensuite, j'ai travaillé en tant qu'assistant de justice dans un tribunal où je me suis un peu familiarisé avec le fonctionnement. Et ça a été aussi l'occasion de réviser le concours. Et donc, il y a un concours Donc il y a un concours externe et interne, moi j'ai passé le concours externe et donc à l'issue de ce concours où j'ai été reçu, je suis devenu juge administratif. J'ai commencé ma carrière au tribunal administratif d'Orléans où on se trouve aujourd'hui et en fait le choix des affectations se fait en fonction du rang de classement au concours et il y avait une pluralité de choix et mon choix s'est porté sur Orléans.

Voilà, c'est tout pour mon parcours et maintenant on va découvrir ensemble la journée d'un juge administratif.
Alors un tribunal administratif, c'est un lieu où on rend la justice. Donc le but d'un tribunal et des magistrats qui y travaillent, c'est de trancher des litiges et c'est de régler des conflits. Et la particularité d'un tribunal administratif, donc c'est pas un tribunal qu'on dit judiciaire, c'est qu'en fait au tribunal administratif, on règle les conflits qui opposent des personnes avec des organismes publics, ce qu'on appelle l'administration. Tout le monde peut être amené à déposer une requête devant le tribunal administratif. Par exemple, le tribunal administratif va statuer sur la question des aides sociales. Le tribunal administratif peut aussi statuer pour une personne qui aurait subi un dommage lors d'une opération médicale dans un hôpital public. Des questions d'urbanisme, si une personne veut faire des travaux dans sa maison, qu'elle demande un permis de construire. sur la question du droit au séjour des étrangers, sur la question de l'éloignement des étrangers. Et en même temps, il se statue aussi sur des questions un peu plus structurelles. Je pense par exemple à la question de l'environnement. C'est le juge administratif qui a été saisi, qui a statué sur le fait de savoir si la France respectait ou non ses obligations en termes d'émission de gaz à effet de serre.
Le juge administratif, c'est un fonctionnaire qui travaille pour l'État.

Ensuite, qu'est-ce qu'il fait le juge administratif ? Quand il est saisi d'une requête, c'est-à-dire d'une demande, lorsque ce dossier lui est attribué, le juge administratif va travailler sur toutes ces pièces et va proposer une solution à ce litige qui va se matérialiser par un projet de jugement. Lorsque j'ai terminé de travailler sur un dossier, je vais présenter ce dossier à mes collègues. C'est un moment d'échange où on va discuter sur les dossiers et adopter une première position. Et en principe, une semaine après cette réunion, il y aura une audience où les partis et leurs avocats vont venir pour plaider sur les affaires que nous avons préparées la semaine d'avant. Et c'est dans cet état que je présente l'affaire à l'audience pour qu'il soit statué. Et cette audience, ça peut être le moment justement de faire évoluer notre solution en fonction des éléments qui sont apportés ou des observations qui sont faites par les avocats. Après l'audience, on se réunit, ce qu'on appelle la formation de jugement. C'est tous les juges de la chambre, excepté le rapporteur public. Et donc là, on va adopter notre position en principe définitive sur les affaires. Et ensuite, ce projet va devenir un véritable jugement et qui sera envoyé au parti.

Alors, on va commencer à délibérer sur les dossiers de l'audience. Mais le principe du délibéré, c'est qu'il est secret. Donc je vais devoir fermer la porte.

Donc ça, c'est le travail principal qui est fait. Il y a un équilibre entre un travail solitaire et un travail en équipe. Après, c'est vrai que le travail solitaire constitue une partie non négligeable du travail, mais c'est une partie que j'aime bien, d'être justement un peu seul et d'être dans son dossier concentré et d'aller au bout des choses. Nos outils de travail, c'est un certain nombre d'abord de logiciels et d'applications qui permettent de rechercher la jurisprudence, quand j'ai besoin de décisions de justice qui ont déjà été rendues, qui ont parfois posé des principes, qui peuvent être complètement applicables à mon cas ou qui peuvent se rapprocher de mon cas, avec lesquels je peux m'inspirer. Les textes de loi, éventuellement les travaux parlementaires qui ont été faits sur ces textes de loi. Et ensuite, il y a tout un tas de logiciels qui permettent justement de gérer le stock de dossiers qui nous est affecté.
Le juge administratif est très indépendant dans la manière dont il gère son travail. Il y a une certaine forme de souplesse dans la mesure où il n'y a pas vraiment d'horaire de travail très déterminé. La contrepartie, c'est qu'il y a une grosse charge de travail.

Ce que j'aime dans ce que je fais, c'est qu'il y a un apprentissage constant. On ne peut jamais connaître tout le droit, donc on est toujours en apprentissage, en recherche. Il y a une émulation intellectuelle constante parce qu'on va discuter de ces dossiers avec les collègues, donc chacun apporte son opinion, son expérience. Et après, ce que j'aime bien aussi, c'est que pour moi, c'est un métier qui a du sens. J'ai l'impression que je fais un métier utile. Ça, ça me parle, c'est important.

Bon voilà, j'espère que vous avez passé une bonne journée à mes côtés et que vous en savez désormais un peu plus sur le métier de juge administratif. Et maintenant je vous invite à découvrir un nouveau métier en compagnie de Aurore.

Je suis Aurore Martin et je suis greffière.
Au collège, j'aimais beaucoup l'école, j'avais mes matières, je n'étais pas très douée en mathématiques, un peu en sciences SVT, ça allait, mais j'adorais particulièrement le français. Le français, les langues, et j'étais très épanouie, j'ai beaucoup aimé le collège. Après le collège, je suis allée au lycée à Orléans aussi. J'ai choisi la filière littéraire. Je pensais être soit écrivaine, soit avocate. Et puis, quand je suis arrivée en terminale, je ne savais pas trop. J'ai vu la conseillère d'orientation. Et pour garder toutes les portes, j'ai choisi de faire une classe préparatoire en lettres, donc hypokhâgne et khâgne. Mais à la fin, je ne savais pas beaucoup plus ce que je voulais faire. Et du coup, je suis retournée à la faculté. J'ai choisi langue étrangère appliquée puisque j'aimais toujours autant les langues. Et je n'ai pas fini mon cursus parce qu'entre-temps, je suis devenue maman. Alors, quand j'ai eu ma fille, j'ai décidé de passer des concours de la fonction publique. Et j'ai vu dans le journal qu'il y avait le concours du ministère de l'Intérieur pour intégrer la préfecture. Donc j'ai passé le concours et je l'ai eu du premier coup.
Alors le concours de secrétaire administratif, qui est donc rattaché à la préfecture, c'est un concours qui permet d'intégrer soit les postes de préfecture, soit le tribunal administratif, qui a la particularité d'avoir des agents du ministère de l'Intérieur pour greffe, alors que les magistrats dépendent du Conseil d'État. Quand on passe un concours, on ne sait pas où on va être affecté. Alors il y a deux critères, les postes qui seront disponibles au moment où on est admis et la place dans le classement. Donc le premier a l'embarras du choix sur les postes disponibles, le second prend les postes restants, etc. Donc moi j'ai eu de la chance. Je voulais tribunal administratif, j'étais sixième dans le classement et personne avant ne le souhaitait. Donc j'ai intégré avec plaisir le tribunal administratif.

Voilà, c'est tout pour mon parcours. Maintenant, je vous invite à passer la journée avec moi pour découvrir mon métier de greffière dans un tribunal administratif. Suivez-moi !
Bonjour Guillaume.

Le tribunal est organisé par chambre. Les chambres, ce sont des sortes de services. Et par chambre, il y a un greffier. Le greffier ou la greffière de chambre, c'est celui qui enregistre la requête, qui accompagne le magistrat tout au long de la procédure et qui ensuite envoie la décision une fois qu'elle est rendue et que le dossier est terminé. Donc le rôle est important. On est support des magistrats tout au long de la procédure, de l'enregistrement jusqu'à la fin. Le greffier de chambre, c'est l'interlocuteur. On est la vitrine du tribunal. Le matin, quand j'arrive, je récupère les accusés de réception, des courriers que nous envoyons pour les affaires que nous traitons. Alors, la première chose, quand on arrive le matin, c'est de regarder ce qu'il y a à faire, parce que ça va conditionner l'organisation de toute la journée.

Bonjour. Bonjour Barbara.

On peut avoir un jour où on arrive le matin et on a 15 requêtes à enregistrer. On peut avoir un matin où on en a zéro. La charge de travail dépend d'où on en est dans la procédure des dossiers qui existent, et on s'organise en fonction de ça. Donc c'est un travail qui demande une certaine autonomie, de pouvoir avancer les moments où on a moins de travail, et de pouvoir s'adapter les moments où on en a beaucoup. On passe beaucoup de temps devant son écran, on a d'ailleurs deux écrans, pour pouvoir jongler entre les deux logiciels qui sont nos principaux supports de travail. Alors au quotidien, moi je travaille surtout avec mon adjointe et avec mes magistrats et mon président qui donne les directives de la chambre. Il y a certains jours, il y a audience, donc à 9h30, on descend, prêt à accueillir les parties qui viennent pour les audiences. Les audiences, c'est tous les 15 jours. Les jours d'audience, on est forcément là. On tient les audiences et pour que l'audience soit valide, il faut que le greffier garantisse la procédure.

Madame la greffière, pouvez-vous appeler l'affaire qui est inscrite au rôle ? Merci, monsieur le Président. Inscrite au numéro 1 du rôle.

L'audience, ça prend toute la matinée. On remonte, il est aux alentours de midi. Et à l'issue du déjeuner, c'est vrai qu'on revient et là, on rattrape ce qui est arrivé pendant qu'on était en bas. On peut avoir eu des mails, on peut avoir eu des nouvelles requêtes, on peut avoir eu des documents urgents pour une prochaine audience. Pour être un bon greffier ou une bonne greffière, il faut être organisé, il faut avoir la qualité de s'adapter à chaque situation et il faut également être empathique. Parce que derrière chaque dossier, il y a des gens qui ont une vraie situation et qui attendent une réponse de notre part. Alors, nous nous rendons en salle des gardes pour assister à une réunion de greffiers, pour faire le point avec les collègues sur les enjeux en cours pour la juridiction.

Moi, ce que j'apprécie beaucoup, c'est que c'est un métier dans lequel l'expérience est très valorisée et qui donne envie de venir le lendemain pour qu'on travaille ensemble, qu'on nous écoute. Et voilà, je trouve que c'est un métier qui a un certain prestige et qui est utile.

Alors voilà, on a passé une bonne journée ensemble. Vous avez découvert une partie de mon métier. Maintenant, je vous invite à voir celui de Cécile.

Je suis Cécile Annoot et je suis avocate spécialiste en droit public au barreau d'Orléans.
Alors moi j'ai toujours été une bonne élève, j'ai toujours aimé aller à l'école depuis la maternelle, j'ai adoré aller au collège, j'ai adoré aller au lycée, j'ai aimé toutes les matières et j'ai toujours pris du plaisir à suivre les cours. Après le collège je suis rentrée en seconde générale et j'ai eu un bac général, un bac scientifique. J'ai eu une idée très tard de ce que je voulais faire, certainement pas au lycée. Au lycée, je voulais être diplomate, parler plein de langues étrangères et puis partir ailleurs. Et je n'ai découvert ma passion pour le droit et pour le métier d'avocat que 4 ans après mon bac. Donc après la terminale, moi j'aime étudier, je ne sais pas du tout quoi choisir. Donc je suis partie faire une classe préparatoire, donc des études littéraires très généralistes. Ça m'a conduite en fac d'histoire, parce qu'après la classe prépa, il y avait une équivalence qui permettait de rentrer directement en 3e année de licence d'histoire. Et puis là, je me suis posé beaucoup de questions, donc je cherchais un petit peu. Je me suis dit, bon, peut-être la science politique. Et donc, après ma licence d'histoire, je me suis inscrite en parallèle dans plusieurs cursus, en master 1 de science politique, en master 1 de droit public. Et quand j'ai découvert le droit, là, j'ai arrêté de chercher. C'était une évidence.
Donc une fois que j'ai eu mon diplôme de droit, j'ai passé l'examen pour rentrer à l'école du Barreau et cette école du Barreau offre une formation de 18 mois. Et donc c'est après cette école du Barreau, après l'obtention de mon diplôme, de mon certificat d'aptitude à la profession d'avocat, que j'ai été recrutée par un avocat chez qui je suis restée une dizaine d'années avant d'ouvrir mon cabinet à Orléans il y a 5 ans.

Voilà mon parcours, maintenant je vous propose de venir passer la journée avec moi et de découvrir mon métier d'avocat en droit administratif.

Le métier d'avocat, c'est une profession libérale. Donc on n'a pas de statut de salarié. Et même quand on est recruté comme collaborateur par un cabinet, en principe, en général, on n'est pas salarié. Alors qu'est-ce que c'est un avocat spécialiste en droit public ? Alors l'avocat, c'est celui qui prend la parole pour son client, qui peut le représenter en justice. Donc moi, en justice, j'interviens devant le tribunal administratif, plus particulièrement celui d'Orléans pour exposer son point de vue, pour défendre ses arguments et tenter d'obtenir ce qu'il a demandé.
Mais l'avocat en droit public, il peut aussi avoir une fonction de conseil en amont pour tenter de trouver une solution amiable avant de saisir la juridiction. Donc ça peut être un propriétaire qui a envie de construire une maison sur son terrain, mais le maire de la commune a refusé de lui délivrer le permis de construire. Donc il va falloir qu'on essaye de convaincre le maire de lui délivrer le permis. Ça peut être aussi un fonctionnaire, un agent public qui rencontre des difficultés dans sa carrière. Et puis il y a aussi des sociétés, des personnes morales pour qui j'interviens, qui sont aussi des justiciables qui peuvent avoir intérêt à agir en justice. Donc j'accompagne ces clients, ces administrés, dans leurs relations avec l'administration.

Alors une journée type pour moi, c'est... J'arrive le matin au cabinet, je m'installe à mon bureau, puis je vérifie les mails qui sont arrivés tard dans la soirée et tôt le matin, pour ne pas rater d'urgence, parce qu'il y a des délais très courts de procédure parfois, donc il faut être très réactif. Et puis je me mets à travailler sur mes dossiers. Alors c'est un vrai travail de bureau que j'ai, en droit administratif, car la procédure est écrite. C'est du travail de recherche, de rédaction, de mémoire, d'écriture, et ça occupe une grosse partie de ma journée. Je suis en train de valider un mémoire en réplique. Je réponds à mon adversaire dans un dossier d'urbanisme sur la légalité d'un permis de construire. Je l'envoie à mon client pour qu'il le valide. Quand il l'aura validé, je l'envoie au tribunal. et c'est le tribunal administratif qui l'enverra à la partie adverse. L'idée, c'est que je vais construire un mémoire ou une requête pour saisir le tribunal. Quand je construis une requête, il faut que je rappelle la règle de droit. Cette règle de droit, je vais aller vérifier qu'elle est toujours la même et je vais aller vérifier aussi la jurisprudence, parce que les règles peuvent évoluer, l'interprétation qui en est donnée peut aussi évoluer, et donc il faut toujours être à jour. Et donc je me sers des bases de données qui existent à destination des avocats. et des magistrats qui travaillent sur les mêmes que nous. Alors évidemment, j'ai des collègues avec qui je passe un peu de temps.
Puis parfois, pas tous les jours, j'ai des audiences au tribunal où je vais exposer publiquement en audience leurs demandes et tenter de convaincre le tribunal.
Très bien, c'est noté. Donc, salle d'audience est juste à côté, comme d'habitude. Très bien. Merci.

À l'audience, on a souvent en tête l'idée de l'avocat pénaliste qui plaide, qui est un avocat plaidant. En contentieux administratif, la procédure est écrite. Et c'est ce qui m'a conduit au départ à choisir le droit public, outre mon intérêt pour la matière, c'est que je ne serais pas obligée de plaider, parce que je n'étais pas spécialement à l'aise à l'oral et que je pouvais me retrancher derrière mes écritures.

Là, c'est la partie comptabilité de la journée, parce que l'avocat est aussi un chef d'entreprise, donc qui gère sa comptabilité, la relation avec l'URSSAF, avec l'administration fiscale pour le paiement des impôts professionnels. Ce qui est le plus gratifiant dans le métier d'avocat, évidemment, c'est quand à l'issue d'une procédure, on a une décision de justice, quand il y a un jugement qui donne raison à notre client.

Mais moi, ce que j'aime le plus dans ce métier, c'est de convaincre. C'est le travail de recherche pour trouver le bon argument qui va tomber pile sur ce que j'ai envie de démontrer. Et quand je tombe sur une décision de justice, une décision du Conseil d'État, qui a jugé précisément dans ce que je veux démontrer, alors là, C'est une immense satisfaction, un grand moment de bonheur. Ça arrive parfois.