Je m'appelle Marine Anderhuber. Je suis ingénieur chercheur en thermo-hydraulique et simulation dans un organisme public de recherche en Île de France.
Quand j'étais au collège, j'avais absolument aucune idée de ce que je voulais faire plus tard, et comme j'avais des bonnes notes, en fait, on m'a directement orientée vers le lycée général. J'ai fait un bac scientifique, je continuais à avoir de bonnes notes, donc je me suis dit, je vais m'orienter vers une école préparatoire pendant deux ans, comme ça, j'aurais un plus vaste choix pour plus tard pour mon métier. La prépa, c'était un peu plus difficile pour moi parce que quand on est habituée à avoir de très bonnes notes, qu'on se retrouve en prépa en général, tout d'un coup, on a une moyenne qui dégringole. Mais ensuite, quand je suis passée en école d'ingénieur, ça a été beaucoup mieux. Ça me correspondait beaucoup mieux parce qu'en fait, il y avait moins tout à apprendre par cœur. On pouvait même dans nos examens, rapporter des notes qu'on avait prises sur nos cours ou même des fois, des bouquins. Donc c'était plus sur un esprit de nous apprendre à savoir où chercher l'information et nous apprendre à nous organiser. Et c'est ça en fait ce qu'on fait aussi dans notre métier, plus tard, en tant que ingénieur chercheur, on ne sait pas tout et on va justement aller chercher l'information dans les bouquins, sur internet, etc et donc il faut savoir juste que ça existe, il faut savoir où aller chercher.
En école d'ingénieur, on fait un stage chaque année. Mon stage de fin d'études, je l'ai fait dans le même domaine que celui dans lequel je travaille actuellement et ça m'a amenée à ce métier.

Allez, suivez moi, je vais vous montrer le métier d'ingénieur chercheur.

L'organisme dans lequel je travaille intervient dans six secteurs : la défense, les énergies, la santé, la recherche technologique et fondamentale et enfin l'assainissement et le démantèlement des installations nucléaires.
Dans cet organisme, on est divisé en différents services. Les services c'est des gros services d'une centaine de personnes, donc il y a plusieurs équipes à l'intérieur de ces services.
Je travaille dans une équipe qui développe et valide un code de calcul pour des applications nucléaires, qui permet en fait de modéliser tout un système entier de thermo-hydraulique donc pas forcément que des centrales nucléaires, mais aussi d'autres types de circuits hydrauliques comme par exemple le circuit de refroidissement cryogénique qu'on peut avoir dans les fusées, ou le stockage d'hydrogène pour le transport par exemple.
Donc là j'ai réalisé un petit développement, et puis j'ai lancé un calcul pour vérifier que tout est codé correctement.
Il faut que je commence par me renseigner dans la littérature sur les modèles que je peux appliquer à mon code. Ensuite, je vais développer enfin je vais écrire dans le code ces modèles, donc je vais faire des lignes de code en C++. Ensuite, je vais valider le code, vérifier qu'il fonctionne bien avec le développement que j'ai réalisé en comparant avec des manips réelles. Et enfin, je vais faire du support auprès des partenaires et des clients qui vont utiliser ce code pour les aider à l'utiliser comme il faut.
Au quotidien pour échanger avec mes collègues, je fais beaucoup de réunions, soit à distance, soit en présentiel.
J'envoie des mails, je vais voir les personnes dans leur bureau. Je pense que c'est celui-là, le premier. Et puis concrètement, en fait, pour développer le code, je suis beaucoup sur ordinateur et parfois on peut aller au mur d'images, par exemple pour visualiser un peu les différentes simulations qu'on a pu faire.
Du coup, l'intérêt de voir ça sur un grand écran, c'est pour montrer vraiment un peu la géométrie de ce type de réacteur et le type de résultat qu'on peut obtenir.

A côté de mes deux missions principales, je fais aussi un peu d'enseignement.
En fait, au sein de l'organisme dans lequel je travaille, il y a une école. Dans cette école, c'est des élèves de niveau ingénieur et moi je les forme sur la compréhension de ce type de logiciel, le type de logiciel sur lequel je travaille, moi.
Je trouve ça très enrichissant de pouvoir faire partager son savoir, en fait.

Moi ce qui me plaît dans mon métier, c'est que c'est très varié et aussi que c'est très concret.
Quand je développe quelque chose, c'est tout de suite utilisé par les partenaires et les clients. C'est très appliqué donc je vois tout de suite l'intérêt de ce que je fais au jour le jour.

Voilà, vous avez eu un bon aperçu de mon métier et maintenant je vous laisse avec Émilie.

Je m'appelle Émilie Thory, je suis technicienne de recherche.
Au collège, j'avais une appétence particulière pour les matières scientifiques. Du coup je voulais me diriger vers des métiers de la recherche sans forcément partir dans des études longues.
Ce qui me plaisait dans la recherche, c'était l'idée de chercher des choses, d'aller étudier des éléments, étudier des nouvelles choses.
Au lycée, j'ai choisi de partir sur une formation scientifique avec des options maths, physique - chimie et sciences de l'ingénieur. J'ai ensuite choisi de partir sur un diplôme universitaire dont la deuxième année était en alternance. Il s'appelait mesures physiques. J'ai choisi ce diplôme parce qu'il est très large, avec beaucoup de fonctions différentes et beaucoup de matières qui permettaient de balayer une grande partie des métiers de la recherche. J'ai fait le choix de faire cette deuxième année en alternance pour mettre un premier pied dans le monde professionnel et pouvoir appliquer ce que j'avais appris pendant mes études en IUT.
Ce qui m'a particulièrement plu, c'était les matières de physique chimie et d'étude des matériaux. A la fin de l'IUT, j'ai décidé de faire une troisième année d'études supérieures en licence professionnelle, toujours en alternance, pour pouvoir compléter mes compétences en chimie. Mes deux années en alternance, je les ai effectuées dans le même organisme où je suis actuellement. Ça m'a permis de mettre un premier pied dans cet organisme et d'être embauchée en CDI.

Suivez-moi, je vais vous montrer ce qu'est le métier de technicienne de recherche.
En tant que technicienne de recherche, je suis responsable d'essais sur l'étude de la migration des radionucléides dans des roches naturelles. J'effectue ces essais dans le cadre de la recherche pour l'enfouissement des déchets radioactifs dans des couches naturelles.
Là, j'étudie la mesure de l'iso saccharinate dans le cadre de sa dégradation bactérienne pour l'enfouissement des déchets radiologiques en couches profondes.
Mon travail il se passe à 80 % du temps en laboratoire où j'effectue les différents essais, les différentes analyses. On travaille avec pas mal de matières plus ou moins dangereuses, corrosives, irritantes. On s'équipe pour se protéger. C'est ce qu'on appelle les EPI : la blouse, les gants, les lunettes, on est toujours équipé pour maniper, pour ne pas se blesser. On effectue deux grands types d'essais ce qu'on appelle les batch, qui est de mettre de la roche en contact avec un liquide dans lequel on intègre un polluant. On mesure régulièrement ce liquide et on va pouvoir en déduire que le polluant se déplace dans la roche. L'autre grand type d'essai c'est des cellules, on va classer une tranche de roche avec deux compartiments : d'un côté un polluant et un côté propre, et on mesure la capacité de ce polluant à traverser la roche.
Une fois les prélèvements faits, on les mesure sur des appareils à haute précision, comme les spectromètres de masse ou les UV visibles. Un spectromètre de masse à plasma, ça permet de mesurer des ultra traces, des éléments en toutes petites quantités dans les solutions.

Et je fais aussi du retraitement informatique de ces différentes mesures à mon bureau sur informatique.
Au quotidien, je travaille en binôme avec un ingénieur qui me donne les grandes lignes directrices du travail que j'aurai à effectuer et j'effectue la plupart des essais en autonomie.
Un des aspects intéressant de mon métier, c'est de faire des mesures sur le terrain. Donc les mesures à petite échelle qu'on fait en cellule, on va les faire à grande échelle, directement en contact avec la roche naturelle, dans un laboratoire souterrain où le contexte est très différent d'ici. C'est très intéressant de pouvoir sortir un peu du laboratoire, de voir la recherche autrement, et concrètement, la finalité des essais qu'on effectue au quotidien.
En tâche support je suis notamment animateur sécurité, ce qui me permet d'assister l'ingénieur sécurité dans ses tâches, mais aussi de m'impliquer dans la gestion et la mise en place d'éléments de sécurité. Et je suis aussi correspondante transports, ce qui me permet de gérer l'envoi et la réception des colis radioactifs. Je suis également responsable de plusieurs équipements au laboratoire. Mon rôle, c'est de les maintenir en fonctionnement, d'assister les personnes qui ont besoin de travailler sur ces équipements et de les former dans certains cas.

Ce que j'aime particulièrement dans mon métier, c'est déjà de pouvoir participer en tant que technicienne aux activités de recherche, d'être impliquée dans les réflexions, dans les discussions, mais aussi la multiplicité des tâches que j'ai à faire, que ce soit les essais scientifiques, mais aussi les tâches support qui me permettent de m'intégrer à la vie du laboratoire et d'avoir une vision très globale du métier de scientifique.

C'est tout pour moi. Je vous laisse avec Tom.

Je m'appelle Tom Petit, je suis ingénieur chercheur en sciences des matériaux.
Au collège, je n'avais pas d'idée, je savais juste que l'école, ça me plaisait pas mal, donc que certainement que j'allais continuer à faire des études après le lycée. J'appréciais particulièrement les mathématiques. La physique c'est venu un petit peu plus tard, mais c'était vraiment des matières qui me parlaient et donc j'ai choisi une filière plutôt scientifique au lycée.
Après le lycée, je n'avais pas forcément d'idée précise de projets professionnels, c'est pour ça que j'ai choisi de faire une classe préparatoire, c'est un peu le prolongement du lycée, on reste encore un petit peu généraliste. A la fin de mes classes préparatoires, j'ai choisi une école assez généraliste, une école d'ingénieur qui formait à plein de types de métiers, et c'est là que j'ai passé ensuite trois ans, de bac plus deux à bac plus cinq. Donc en classe préparatoire, j'ai découvert quand même que c'était plutôt la physique qui m'intéressait, plus que les mathématiques. Et en école d'ingénieur, ça s'est confirmé, j'ai découvert des matières comme la mécanique, les matériaux. Je sentais que c'était quelque chose qui me plaisait, mais je ne savais pas vraiment quel métier on pouvait en faire.
J'ai fait un stage pour découvrir exactement ce que c'était, un stage à Liverpool, à l'université de Liverpool où j'ai vraiment évolué dans le domaine de la recherche. Et là, ça m'a vraiment plu. Et avec le recul, ce n'est pas vraiment une surprise parce que j'avais toujours aimé les jeux, les énigmes et je crois que la recherche ça ressemble un petit peu à ça.
Et donc, à la suite de ça, j'ai fait mon deuxième stage également dans la recherche et là, plus particulièrement en sciences des matériaux. Et ça m'a conforté dans l'idée que j'aimais ça. A la suite du deuxième stage qui s'est bien déroulé, en fait, je suis resté dans l'organisme où j'avais fait mon stage, pour faire ma thèse de doctorat. Donc, j'ai fait mes trois ans de doctorat, ça s'est bien déroulé encore une fois, et j'ai postulé dans cet organisme pour être embauché et c'est l'organisme dans lequel je suis toujours, donc ça fait sept ans, j'ai fait stage, puis thèse, et maintenant je suis ingénieur chercheur, toujours en sciences des matériaux dans mon organisme actuel.

Venez avec moi, je vais vous montrer ce que c'est une journée d'ingénieur chercheur.
Donc moi, je travaille dans le domaine de la recherche. Il y a plusieurs métiers qui interviennent dans la recherche. Je suis ingénieur chercheur en sciences des matériaux, c'est à dire que j'étudie comment les matériaux réagissent dans tel ou tel milieu. Et plus particulièrement, je travaille sur la rupture des matériaux irradiés. Les matériaux, une fois qu'ils ont été irradiés dans des réacteurs nucléaires, on regarde comment se comportent les potentielles fissures vis à vis de cette irradiation. L'objectif de ces problématiques, c'est d'assurer l'intégrité des centrales, de s'assurer qu'elles sont pérennes. Ça, c'est pour les centrales actuelles. Et puis, on va pouvoir aussi étudier de nouveaux matériaux pour concevoir les centrales du futur. On a des questions scientifiques, industrielles qui se posent par rapport à ces problématiques. Moi, je dois identifier des stratégies qui permettent de répondre à ces questions et idéalement d'y répondre.
Typiquement une question qui peut nous être posée on va nous demander comment ce matériau là réagit en température et comment ça va évoluer avec l'irradiation. Naturellement, pour répondre à cette question là, on va tester un matériau qui n'est pas irradié à différentes températures, et ensuite, on va tester ce même matériau une fois qu'il est irradié à différentes températures.
Donc là l'essai a commencé, on tire sur une éprouvette et on attend de voir à quel niveau de charge elle va casser. On a les courbes qui grandissent petit à petit, voilà la pointe a cassé, ça y est, l'essai a priori est réussi.
Donc là le prochain travail après, c'est d'extraire les données de l'essai, et donc là, après, c'est un travail qui se fait pas au niveau expérimental, mais plutôt au niveau des bureaux.
On va vouloir modéliser ça aussi avec des modèles physiques. Il faut également que je réalise des calculs. Il va falloir que je fasse des simulations sur ordinateur et donc identifier des actions très précises. C'est différentes pièces d'un immense puzzle qui s'agencent pour répondre à la question initiale.

Moi, typiquement, je travaille dans mon bureau, entouré d'autres ingénieurs. On est tous spécialisés dans des domaines un peu différents, on est tous capables de faire telle manip, telle interprétation. Et ce côté un peu pluridisciplinaire, ça, ça me plaît beaucoup.
Tout comme je l'ai été durant trois ans lorsque j'ai fait ma thèse, maintenant j'encadre des doctorants, on réalise des expériences ensemble dans ce hall d'essais et ça, c'est vraiment la partie de mon métier que je préfère.
Et puis depuis tout à l'heure, je vous parle d'expérience, de simulation, etc mais en fait le matin je commence par 1 h ou 2 h avec des mails.
Les réunions ça peut être justement avec les doctorants pour faire des plans d'avancement, ça peut être avec tel projet pour rendre des comptes.
Et puis de la rédaction de rapport. Il y a une part importante de mon travail qui va être rédactionnelle pour rédiger les propositions d'études ou pour rédiger les rapports d'études.

Si j'avais un conseil à donner à un jeune collégien pour évoluer dans le domaine de la recherche, c'est de rester curieux, de s'intéresser un peu à plein de questions qui sont dans l'actualité scientifique, il y a plein de trucs rigolos qui se passent. Et de garder une espèce de culture générale autour de la science. C'est vraiment ça qui permet de garder la curiosité intacte.