Trajectoires vocationnelles des adolescents durant la terminale : quels rôles pour les émotions et le soutien perçu ? - OnisepTV : l’information pour l’orientation en vidéo
Trajectoires vocationnelles des adolescents durant la terminale : quels rôles pour les émotions et le soutien perçu ?
Accompagnement des Equipes Educatives
Durant cette présentation, je vais vous parler de l'identité vocationnelle des adolescents durant l'année de terminale. Pour aborder ce sujet, je vais principalement m'appuyer sur des études réalisées pendant mon travail doctoral, et l'étude que nous sommes en train de mener actuellement dans le cadre du PIA3-ACCES. Pour cette deuxième étude, ce sera les premiers résultats qu'on a analysés sur un recueil de données qui a été fait l'année dernière. Pour commencer sur la question de l'orientation en classe de terminale, comme vous le savez, j'imagine, l'orientation durant cette année est rythmée par la procédure de Parcoursup qui se décline en quatre grandes phases : la phase de découverte des formations, d'inscription et d'ajout des vœux, de finalisation et de confirmation des vœux et la phase d'admission principale où les adolescents peuvent recevoir les réponses des formations auxquelles ils ont candidaté. Donc souvent, un peu tous les ans, on voit apparaître dans les médias, dans la littérature, dans les médias papiers, un certain nombre de sondages qui montrent que cette procédure, en tout cas cette année terminale, elle est relativement stressante pour les étudiants, en tout cas qu'elle génère un stress, qu'elle génère un stress important. Donc la question qui a guidé et qui guide encore les travaux de recherche que je mène sur la question est : " comment les adolescents élaborent-ils leurs choix d'orientation ? " en me centrant, en prenant appui sur la construction de l'identité vocationnelle, que je vais vous décrire juste après. On essaie d'aborder ce travail vraiment dans une approche psychologique, en étudiant les processus à l'oeuvre, notamment liés à l'identité vocationnelle, mais d'autres comme on le verra, dans la construction, l'élaboration du projet d'orientation des adolescents. L'identité vocationnelle : qu'est-ce qu'on entend par-là ? C'est un ensemble de processus qui vont permettre aux adolescents de définir un ensemble de frontières personnelles claires, dans une continuité temporelle cohérente. Dans le domaine vocationnel, ça renvoie au fait de choisir, d'identifier un parcours d'études et un parcours professionnel dans lequel les adolescents vont pouvoir exprimer leurs buts et leurs valeurs personnelles. Cette identité vocationnelle est composée de six processus qui sont regroupés en trois grandes catégories. Les processus d'exploration, les processus d'engagement et les processus de reconsidération de l'engagement. Dans les processus d'exploration, on peut trouver l'exploration de surface, qui correspond à une recherche large d'informations sur les formations et les professions possiblement accessibles et réalisables par les adolescents ; l'exploration en profondeur qui, elle, renvoie à une une évaluation des possibilités préalablement explorées par rapport à soi, à ses valeurs et à ses intérêts vocationnels. Dans les processus d'engagement, on retrouve le processus d'engagement en soi qui correspond à l'établissement d'un choix d'études ou d'un choix professionnel précis. Et cet engagement, il va venir faire l'objet de l'identification à l'engagement, c'est-à-dire que l'adolescent, via ce processus, va intégrer ce choix de façon plus forte, plus personnelle, qui passe par la reconnaissance de soi, de ses valeurs et de ses intérêts et buts personnels dans ce choix. Comme dans tout processus de prise de décision, on peut aussi trouver des processus de reconsidération de l'engagement, qui vont venir modérer des certitudes qui peuvent être ressenties par les adolescents quant à leur avenir vocationnel, avec les processus de doute vis-à-vis de soi, qui correspondent à qui correspondent à une incertitude que l'adolescent peut percevoir, par rapport à lui-même et dans son entourage quant à son choix vocationnel et la flexibilité de l'engagement, qui s'étend plus dans une temporalité plus longue puisqu'elle correspond à la perception, au sentiment que ses choix, ses buts et ses valeurs personnelles peuvent changer dans le futur. Là où le concept d'identité vocationnelle prend tout son sens, c'est quand on étudie conjointement la mobilisation de ces différents processus, ce qui nous permet de mettre en évidence des profils d'identité vocationnelle chez les adolescents. Là, il y a deux exemples qui sont un peu les exemples opposés qu'on peut retrouver dans la littérature, avec un premier profil qui correspondrait à une faible mobilisation des processus d'exploration et d'engagement, et une forte reconsidération, qui correspondrait à ce qu'on appelle une identité vocationnelle diffuse troublée, qui caractérise plutôt des difficultés en termes de construction d'une identité vocationnelle cohérente pour les adolescents. Et un deuxième profil, qui correspondra à des adolescents qui ont exploré un certain nombre de possibilités d'avenirs vocationnels, qui en ont choisi un et qui s'y sont identifiés, avec des doutes qui sont plus faibles. Donc cet ensemble de processus, et particulièrement pendant l'année de terminale, peuvent être liés à un certain nombre de processus émotionnels, comme on l'a vu au début, le fait de devoir respecter des échéances, d'être soumis à des processus d'évaluation pour pouvoir entrer, accéder à un certain nombre de formations. et même la gestion de l'incertitude, quant à l'acceptation des adolescents dans une certaine formation ou par rapport aux débouchés professionnels qui pourraient suivre, peut mobiliser faire émerger des émotions, notamment, négatives. C'est ce qu'on a cherché à évaluer dans cette première étude avec les émotions qui sont liées à l'orientation. Mais ces émotions, on ne les a pas conçues comme un aspect mal adaptatif, lié à la nécessité de s'orienter. Le ressenti d'émotions négatives, en tout cas dans la littérature en psychologie, elles sont vraiment perçues comme un processus adaptatif, qui va amener les individus, les adolescents à mobiliser un certain nombre de comportements, qui en théorie, devraient leur permettre de s'adapter aux différentes situations qu'ils rencontrent. Ces comportements liés aux émotions négatives, on appelle ça des stratégies de régulation émotionnelle, de gestion émotionnelle. Et il y a déjà quelques études qui ont mis en évidence des liens entre la construction de l'identité et la manière dont les adolescents et les jeunes adultes régulent leurs émotions. Notamment, il y a une étude en particulier qui a montré que la recherche de soutien social, donc le fait d'aller vers des personnes proches dans notre entourage, permet, facilite la formation d'engagement identitaire. Dans ce travail, on s'est intéressé à l'étude de plusieurs stratégies conjointement, puisque dans ce contexte d'orientation, les adolescents peuvent mobiliser plusieurs comportements de régulation émotionnelle, pas seulement par exemple la recherche de soutien social, mais ils peuvent aussi, par exemple, ne pas montrer le stress qu'ils ressentent par rapport à leur orientation, ou au contraire beaucoup penser, un peu ruminer sur les difficultés qu'ils rencontrent. Il y a plusieurs stratégies possibles que je vous détaillerai tout à l'heure. C'est vraiment l'articulation entre ces processus émotionnels et les processus de l'identité vocationnelle qu'on a essayé de mettre en évidence. Dans le cadre de l'orientation scolaire et de la transition, de la préparation à la transition vers les études supérieures, les adolescents ne sont pas seuls dans le processus de choix des formations. Il y a bien évidemment leur environnement social, leur environnement proche social qui va pouvoir les aider. Pour ça, on s'est intéressé aux ressources sociales, notamment à la perception du soutien de deux acteurs principaux dans l'orientation des adolescents : notamment des parents et des professeurs principaux. Par rapport au soutien des parents, à la perception du soutien des parents, on s'est intéressé à la qualité des relations de manière très générale, notamment en nous appuyant sur les théories de l'attachement. et à la perception de comportements plus spécifiques à l'orientation, comme le soutien à l'autonomie, c'est-à-dire : un adolescent qui percevrait son parent comme essayant de l'amener à faire ses propres choix tout en l'accompagnant, à la disponibilité de son parent ou au contraire à une perception plus entravante, plus intrusive de la part du parent qui essaierait d'amener l'adolescent à faire des choix qui ne sont pas les siens. Par rapport à la perception du soutien du professeur principal, donc on s'est intéressé aussi à la disponibilité et surtout à la transmission d'informations sur les formations que les professeurs pouvaient transmettre aux élèves. Alors je rappelle, c'est toujours des perceptions du point de vue des élèves, du soutien de leur environnement, on n'a pas interrogé un soutien objectif ou en tout cas d'une autre manière, donc ça reste des perceptions des adolescents. Notre objectif, avec cet ensemble d'aspects liés à l'orientation, c'était vraiment d'identifier quelles sont les ressources à la fois personnelles, notamment en termes émotionnels et de régulation émotionnelle des adolescents, et les ressources sociales perçues qui peuvent faciliter ou rendre plus difficile la mobilisation des processus de l'identité vocationnelle, durant la phase de Parcoursup. En commençant ces objectifs, par mettre en évidence, regarder l'évolution des différents processus de l'identité vocationnelle dans le temps et en essayant de regrouper les adolescents qui se ressemblent sur la mobilisation de ces processus-là, pour mettre en évidence des profils qui caractériseraient des grandes différences dans l'articulation des processus de l'identité vocationnelle. En termes de méthodologie pour cette première étude, on a réalisé quatre temps de mesure, en essayant de faire en sorte d'avoir un temps de mesure par phase de la procédure Parcoursup, en commençant un premier temps avant l'ouverture de la phase de formation, pour avoir une idée du point de départ sur lequel les adolescents se plaçaient par rapport à leur projet d'orientation, à leur identité vocationnelle. Un deuxième temps, qui là, se place lors de la phase des découvertes des formations ; un troisième temps durant la phase d'inscription et d'ajout des vœux, et un quatrième temps, une fois que les adolescents avaient confirmé leurs vœux. Durant ce travail, on a interrogé quasiment 850 adolescents dans deux lycées, principalement dans deux lycées de l'Académie de Bordeaux, relativement proches de Bordeaux, avec en majorité des adolescents en filière générale et avec une répartition des CSP qui est la suivante : avec une légère surreprésentation des cadres et une sous-représentation des ouvriers, par rapport à la population générale. En termes de questionnaire, on a utilisé un ensemble de questionnaires issus de la littérature scientifique en psychologie, sur les questions de choix d'orientation, avec notamment, les processus de l'identité vocationnelle. On a posé quelques questions sur l'activité de la plateforme Parcoursup. Les ressources personnelles avec l'intensité des émotions positives et négatives. Là, je resterai uniquement sur les émotions négatives. Six stratégies de régulation émotionnelle. et la perception des ressources sociales avec la perception de pratique parentale et de discussion avec les parents, quant à l'orientation, et la perception du soutien du professeur principal. Par rapport aux résultats, je vais commencer par vous présenter l'évolution, en moyenne, à l'échelle de l'ensemble de l'échantillon des six processus de l'identité vocationnelle, que vous avez sur le côté. On remarque qu'en moyenne, on a une augmentation des processus d'engagement et d'identification à l'engagement tout au long de l'année terminale, donc un renforcement de l'engagement, une clarification des projets d'orientation des élèves, avec une exploration qui est, pour le coup, relativement stable, même si on peut observer un léger pic au niveau du troisième temps de mesure pour l'exploration de surface et une diminution des processus de doute vis-à-vis de soi et une relative stabilité des processus de flexibilité à l'engagement. Ce que ces premiers résultats en moyenne semblent décrire, c'est des résultats qui avaient déjà été montrés dans la littérature, c'est que sur l'ensemble de la population, en moyenne, cette année de terminale semble être plutôt propice à un renforcement des des engagements des adolescents et à une diminution de leurs doutes, pour plutôt favoriser la construction de l'identité vocationnelle durant cette période. Néanmoins, les groupes, les profils, les trajectoires qu'on a pu mettre en évidence amènent à modérer cette conclusion, ou en tout cas à ne pas l'appliquer pour l'ensemble des adolescents. On a en effet mis en évidence 6 groupes, 6 profils d'adolescents, quant à la mobilisation des processus de l'identité vocationnelle, avec 4 profils, 4 trajectoires qui sont relativement stables durant l'année et 2 profils qui évoluent beaucoup plus fortement. La première trajectoire, le premier profil, qui est composé d'à peu près 28% de l'échantillon interrogé, est un profil plutôt modéré et stable. On voit que tous les processus sont rassemblés, sont très proches les uns des autres, au milieu de l'échelle, ce qui caractérise plutôt des adolescents qui n'ont pas particulièrement investi la question de l'identité vocationnelle, ce qui, pour autant, ne suscite pas chez eux des doutes particulièrement intenses. Une deuxième trajectoire de 16 à presque 17%, donc qualifiée de reconsidération élevée et stable, là caractérise vraiment des adolescents qui sont principalement dominés par du doute et de la flexibilité à l'engagement, avec des processus d'engagement qui sont très faibles durant toute l'année. Là, c'est vraiment un profil d'identité vocationnelle qui caractérise plutôt des élèves en difficulté face à la nécessité de faire un choix pour leur avenir scolaire et professionnel, qui ont du mal à clarifier un projet, à trouver un projet qui correspond à leurs valeurs ou à des buts personnels. On a une troisième trajectoire d'engagement consolidé, avec une trajectoire de l'identité vocationaliste qui se caractérise par des processus d'engagement qui sont plutôt élevés dès le début de l'année et stables tout au long de l'année, Il faut noter une exploration notamment de surface, qui elle aussi est élevée. Ce profil-là va plutôt caractériser des adolescents qui, sur la base d'une exploration forte et active des différentes possibilités en matière d'orientation, ont fait un choix, qu'on pourrait dire relativement éclairé. On voit que les niveaux de doute sont plutôt moyens, ce qui est cohérent avec ce qu'on peut trouver dans la littérature. Souvent, quand les adolescents et les jeunes adultes explorent, ça ouvre des possibilités, mais ça peut laisser place aux doutes aussi, ou en tout cas aux questionnements. Mais ce niveau de doute est beaucoup moins élevé que dans la trajectoire précédente, ce qui n'est pas alarmant pour ce profil. Le quatrième profil, là, correspond encore une fois à des adolescents qui ont un projet d'orientation construit, en tout cas qui ont des forts engagements dès le début de l'année. Mais on voit que là, c'est des adolescents qui, au moins sur la part temporelle qu'on a étudiée, n'ont pas exploré différentes possibilités d'alternatives, par rapport à leur futur vocationnel. Là, on voit bien le lien entre l'exploration et les doutes, puisque les doutes sont très très bas, c'est la trajectoire où les doutes sont les plus bas. Mais c'est peut-être au prix d'une forme de flexibilité par rapport à leur futur vocationnel. On a une cinquième trajectoire qui, là, caractérise des adolescents qui, en début d'année, ont des doutes très intenses, très importants par rapport à leur futur vocationnel et on voit des engagements qui sont très bas, mais qui au fur et à mesure de l'année, notamment sur la base d'une exploration des possibilités élevées, vont venir renforcer leur engagement vocationnel, avec une diminution, on le voit, progressive également, notamment des doutes vis-à-vis de soi. Enfin, on a une dernière trajectoire qui est beaucoup plus restreinte en termes de proportion d'échantillons recueillis, uniquement 6% d'adolescents, qui vont commencer l'année avec des doutes très élevés et des engagements très bas, mais qui vont se fixer, qui vont trouver un engagement, qui vont renforcer un engagement très rapidement au début de l'année, sans particulièrement explorer, mais en tout cas qui vont correspondre plutôt à des adolescents qui, du fait de la nécessité de s'orienter et de faire des choix, vont renforcer leur engagement, sans pour autant vraiment explorer fortement les différentes possibilités qui s'offrent à eux. En termes de liens entre les processus émotionnels et la perception des ressources sociales dans ces différents trajectoires, donc on a vu trois grands binômes. Un premier binôme avec un enjeu vocationnel élevé dès le début de l'année, donc qui correspond à des adolescents qui ont un niveau d'engagement relativement faible, surtout pour la deuxième trajectoire tout au long de l'année, donc qui ont un un enjeu, qui sont challengés par la nécessité à s'orienter. Un deuxième binôme de trajectoire qui a un enjeu plutôt faible sur le plan vocationnel, puisque c'est des adolescents qui, dès le début de l'année terminale, ont une idée claire de ce qu'ils veulent faire par la suite, que ce soit sur la base d'exploration de surface, d'exploration des possibilités ou pas. Et un deuxième binôme, qui se caractérise plutôt par des enjeux élevés uniquement en début d'année puisque c'est des adolescents qui, au fur et à mesure de l'avancée en classe de terminale, vont renforcer leur engagement ou clarifier un projet professionnel. Pour, comme je le disais, mettre en évidence les liens entre ces trajectoires-là et les processus émotionnels et les ressources sociales, je vais principalement faire une comparaison entre deux de ces six trajectoires, en prenant la trajectoire de reconsidération élevée et stable et la trajectoire de formation progressive de l'engagement. Pourquoi j'ai choisi ces deux trajectoires ? Parce qu'elles ont des niveaux similaires de processus de doute et d'engagement en début d'année, mais elles sont caractérisées par des évolutions qui sont très différentes, avec une très forte diminution des doutes et une très forte augmentation des engagements pour la première, et une relative stabilité de l'engagement et on voit qu'il y a une diminution mais qui est beaucoup moins marquée, dans la seconde. Comment ces trajectoires-là sont associées aux différentes ressources personnelles et sociales ? En termes d'intensité des émotions négatives ressenties tout au long de l'année, on observe que ces deux trajectoires sont caractérisées par une forte intensité d'émotions négatives et particulièrement avec un pic en milieu d'année. En termes de ressentis émotionnels, ces deux trajectoires ne diffèrent pas. Elles ne diffèrent pas. Néanmoins, on voit qu'elles diffèrent dans la mobilisation des stratégies de régulation émotionnelle qui vont être mises en place, avec notamment la première trajectoire de formation progressive de l'engagement qui est plutôt caractérisée, qui est surreprésentée par des adolescents qui vont mobiliser un éventail large de stratégies de régulation émotionnelle, notamment caractérisées par la recherche de soutien social mais aussi la réévaluation cognitive, qui correspond à un changement de perspective par rapport à la situation qui génère les émotions négatives, en essayant de la voir d'un point de vue plus positif mais aussi de la rumination. Ils vont beaucoup penser à ce qui suscite les émotions négatives chez eux, alors que la deuxième trajectoire va plutôt représenter une forme de résignation et de mise à distance des émotions, c'est-à-dire ce sont des adolescents, qui vont avoir tendance à accepter la situation et à percevoir qu'ils ne peuvent rien y faire, qu'ils ne peuvent pas agir sur les émotions négatives, qu'ils ressentent liées à leur orientation, et qui vont mettre à distance leurs émotions, c'est-à-dire qu'ils vont principalement chercher à se distraire de l'événement lié à leurs émotions négatives, en faisant quelque chose qui n'a rien à voir, et aussi qui vont énormément cacher leurs ressentis émotionnels négatifs à leur entourage. En termes de perception du soutien des parents, pour la première, on observe qu'il y a un soutien plutôt élevé et stable des deux parents, donc du père et de la mère, et des discussions par rapport à l'orientation, qui sont plus fréquentes avec la mère par rapport à la deuxième trajectoire. Alors que pour la seconde, la perception du soutien est moindre, comparativement aux autres adolescents, et les adolescents dans cette trajectoire rapportent que les discussions au sujet de l'orientation sont systématiquement initiées par leur mère, notamment. Donc c'est jamais eux qui vont aller chercher du soutien ou essayer de chercher de l'aide dans leur entourage, notamment auprès de leurs parents. Et enfin, par rapport à la perception du soutien du professeur principal, elle est modérée en début d'année, et elle va augmenter, cette perception du soutien, notamment la disponibilité et la transmission d'informations, ainsi que l'encouragement à l'exploration, notamment l'exploration de soi, donc réfléchir à ses forces, ses faiblesses, l'adéquation entre ses aptitudes scolaires et les exigences des formations demandées. Alors que, pour la deuxième trajectoire, il n'y a pas de caractérisation vraiment spécifique qui ressort pour ces adolescents-là. C'est-à-dire qu'il y en a certains qui vont avoir un niveau plutôt élevé de perception du soutien du professeur principal, et d'autres plutôt bas, mais il n'y a rien qui ressort vraiment pour la seconde trajectoire. Qu'est-ce qu'on a pu retirer de cette première étude ? C'est déjà qu'il y a une très forte hétérogénéité dans la construction de l'identité vocationnelle dans le temps, au fur et à mesure de l'année, avec trois grands types de trajectoires. Des adolescents avec un projet auquel ils s'identifient peu dès le début de l'année, donc qui comprend les adolescents dans les trajectoires modérées et stables et reconsidérations élevées et stables, qui correspond à à peu près 45% de notre échantillon, ce qui est très important. Un autre ensemble de trajectoires composé de deux profils, où les adolescents s'identifient fortement à un projet d'orientation dès le début de l'année, qui correspond aux deux profils suivants : à peu près un tiers de notre échantillon. Et un troisième grand profil qui est composé de trajectoires où là, les adolescents s'identifient plus fortement au cours de l'année de terminale, qui correspondrait plutôt à un objectif, à essayer d'atteindre, si les adolescents n'ont pas d'idée claire de projet d'orientation en début d'année. Le deuxième résultat que je souhaitais mettre en avant, c'est vraiment l'articulation entre les processus émotionnels et les dynamiques identitaires, qui vont avoir aussi un lien avec la perception du soutien social, que ce soit des parents ou des professeurs principaux. Ce qu'on a vu, c'est que les adolescents avec un enjeu élevé, donc avec une identification relativement faible à un projet d'orientation dès le début de l'année, sont caractérisés principalement par des émotions élevées et un sentiment de ne pas être acteur de leur orientation, de ne pas pouvoir influencer leur orientation. Et ils suppriment également fortement les émotions négatives, ils ne les montrent pas à leur environnement. Cette dynamique émotionnelle entre les doutes que ces adolescents-là ressentent, le fait de ne pas être acteur et de ne pas montrer à leur entourage qu'ils sont en difficulté, ça va être en lien avec la perception moindre du soutien de leur entourage proche, parce que ça va diminuer les opportunités d'aide que leur entourage peut leur fournir. Voilà pour la première étude, je vais passer à la seconde, par rapport, qui est menée dans le cadre du PIA-ACCES. Je vous préviens tout de suite, c'est les premiers résultats qu'on a commencé à analyser du recueil de données qu'on a fait l'année dernière. Donc là, je vais me centrer principalement sur l'évolution de l'identité vocationnelle et des émotions avec quelques ajouts que je vais, par rapport à l'étude précédente, que je vais vous montrer, mais ce n'est qu'une première ébauche des résultats de cette étude. Le PIA ACCES, il est en partenariat avec, notamment entre l'université de Bordeaux, de Montaigne et de Pau et des pays de l' Adour, où on a, où on a donc cherché à mieux comprendre comment les adolescents se caractérisaient sur le plan de leur identité vocationnelle dans des lycées qui sont éloignés des centres de formation. C'est la population cible de ce PIA, pour essayer de favoriser justement l'accès aux études supérieures d'adolescents qui sont plutôt dans des lycées ruraux. Cette étude est menée en collaboration avec la Coordination territoriale des études et des enquêtes de Bordeaux, ainsi qu'avec l'ensemble des partenaires du PIA ACCES, notamment, je pense aux chargés d'action qui nous ont mis en lien, notre étude de recherche avec les établissements. Je vous remercie, tout le monde, pour l'aide apportée à cette recherche. Et on est également en partenariat avec le Rectorat de l'Académie de Bordeaux, qui nous fournira en début d'année prochaine les données administratives des élèves, qui nous permettront de suivre leur parcours d'études, après la transition dans l'enseignement supérieur. Par rapport à ce projet, en termes de parcours d'orientation, de parcours professionnels, on a réinterrogé auprès de ces adolescents-là, donc éloignés des centres de formation, on les a interrogés sur l'évolution des processus de l'identité vocationnelle, comme je vous l'ai présenté précédemment. Je vais surtout m'attarder sur des points, par rapport au processus émotionnel dans l'orientation, qu'on a ajustés par rapport à la première étude. Comme on l'a vu précédemment, les adolescents durant le palier d'orientation, peuvent ressentir des émotions négatives intenses, mais aussi, d'autres études plus récentes l'ont montré, des émotions positives ou mixtes, donc c'est-à-dire, à la fois des émotions positives et négatives ; il est important de de considérer les deux valences émotionnelles, donc à la fois positive et négative, car notamment les émotions positives, le fait de ressentir des émotions positives contribue très fortement à la formation d'engagement identitaire. Ajouter cet aspect-là à des émotions positives, dans cette étude-là, nous permettra de mieux comprendre les liens entre les dynamiques de ressenti émotionnel et identitaire. On a souhaité aussi, pour aller un petit peu plus loin dans la question des émotions, essayer de faire un état des lieux sur les sources potentielles des émotions négatives liées à l'orientation : donc quels sont les aspects de l'orientation qui peuvent susciter des émotions négatives chez les élèves, et un peu de les hiérarchiser, pour voir quelles sont les sources les plus importantes de stress pour les élèves en classe de terminale. Au niveau de la procédure, on a réalisé une étude longitudinale, qui suivait le même qui suivait le même pattern que l'étude précédente, avec 4 temps de mesure sur les 3 premières phases de Parcoursup avec une fois un temps de mesure, avant l'ouverture de la plateforme. On a réalisé une étude de beaucoup plus grande ampleur, puisqu'on a interrogé 1640 adolescents au total, dans 7 lycées différents, qui sont situés sur l'ensemble de l'Académie de Bordeaux, donc du Médoc à Pauillac jusqu'au Pays de l'Adour, avec notamment Saint-Jean-Pied-de-Port et au Oloron-Sainte-Marie, qui nous permet d'avoir une représentativité géographique plus importante aussi dans cette ville-là, où on a pu également interroger des élèves en filière professionnelle, en essayant d'avoir la meilleure répartition des filières, une bonne représentation des filières par rapport à l'académie. En termes de questionnaire, je vais simplement vous présenter les résultats liés à l'identité vocationnelle et au processus émotionnel, avec l'ajout des sources potentielles d'émotions négatives liées à l'orientation. On en a sélectionné 9. Des aspects liés à la séparation, soit avec la famille, avec les amis ou avec la région. Des sources d'émotions négatives, plutôt liées aux coûts financiers, soit d'inscription dans les formations, soit au coût lié au logement, nécessaires à la poursuite d'études, pour ces adolescents-là, qui seront donc amenés à se déplacer de leur lieu de vie au lycée pour aller faire des études supérieures ; des aspects liés aux formations en elles-mêmes, soit le taux d'accès pour rentrer dans la formation, le taux de réussite, ou les débouchés, la possibilité de trouver des débouchés après la formation, et enfin une dernière potentielle source d'émotions négatives, qui est liée à l'utilisation de Parcoursup en soi. On a également ajouté un dernier aspect pour cette présentation, qui est la perception du niveau scolaire des élèves, donc aspect qu'on n'avait pas du tout dans l'étude précédente. Pour l'instant, on a uniquement les données sur la perception de chaque élève de son niveau scolaire, mais un petit peu plus tard, grâce aux données du rectorat, on pourra aussi avoir accès aux notes des élèves au BAC. Par rapport à l'évolution de l'identité vocationnelle, encore une fois je vais commencer par l'évolution en moyenne ; je vais aller un petit peu plus vite, parce que vous voyez qu'on confirme, on retrouve des résultats qui sont similaires par rapport à l'étude précédente, donc avec une augmentation progressive des processus d'engagement durant l'année et une diminution un petit peu moins marquée que dans l'étude précédente, mais une diminution tout de même des doutes vis-à-vis de soi, donc plutôt dans le sens d'une... d'un renforcement des engagements des adolescents durant l'année de terminale. Au niveau des trajectoires, des profils d'identité vocationnelle, on a retrouvé les six profils que je vous ai présentés précédemment, dans l'étude précédente, avec un profil modéré stable, un profil de reconsidération élevé stable, le profil de consolidation d'engagement, avec exploration de surface et sans exploration de surface, sans exploration de possibilités. Un profil de formation progressive de l'engagement où là, on a un renforcement tout au long de l'année des projets d'orientation des élèves ; et un autre profil avec une formation plus rapide des engagements, surtout en début d'année, avec une exploration des possibilités qui est moins forte que dans le profil précédent. Là, c'est déjà un premier résultat en soi qui est intéressant, parce qu'on voit qu'on retrouve ces différents profils qui semblent être robustes à la réplication des résultats, dans une population qui est un petit peu différente, notamment par rapport à leurs caractéristiques géographiques. Le point, par contre, qui est annoté et qui est intéressant, c'est par rapport aux proportions de répartition des adolescents dans ces différents profils, puisque là, par rapport à l'étude précédente, on a beaucoup plus d'élèves qui sont dans la trajectoire de reconsidération élevée et stable et de formation rapide de l'engagement. Donc, ça montre que c'est important de se centrer sur les élèves qui sont éloignés des centres de formation, puisqu'on voit qu'ils sont plus en difficulté. En tout cas, il y a plus d'élèves en difficulté sur le plan de la construction de leur identité vocationnelle, dans cette population-là. En termes de lien entre les trajectoires et les caractéristiques socio-démographiques et scolaires, au niveau du genre, on observe dans cette étude, une surreprésentation des garçons dans la trajectoire modérée et stable, où il n'y a pas particulièrement d'investissement dans le domaine vocationnel, avec des engagements, comme des doutes, qui sont relativement médians. Et une surreprésentation des filles dans la trajectoire de consolidation de l'engagement avec exploration, une des trajectoires qui est le plus favorable à un épanouissement dans le domaine scolaire et vocationnel. Sur le plan de la perception du niveau scolaire, on retrouve que les adolescents, qui ont formé des engagements sur la base d'une exploration, ont une perception d'un meilleur niveau scolaire, par rapport aux adolescents qui sont principalement dominés par des doutes. Effectivement, le fait d'avoir l'impression, d'avoir la perception qu'on est moins performant sur le plan scolaire, ça peut vous rendre plus difficile l'identification de parcours d'études et professionnels réalisables, notamment du fait de la forte sélection qui peut être présente dans l'accès aux formations dans l'enseignement supérieur. Enfin, en termes de filières et de lycées, on n'a pas trouvé de différence dans la répartition, du moins, des différents profils que je vous ai présentés. Sur le plan de l'évolution des émotions positives et négatives, ce qu'on observe en moyenne, c'est une augmentation très légère, mais statistiquement significative, des émotions positives tout au long de l'année et une diminution des émotions négatives. En termes de sources des émotions négatives, en moyenne sur l'ensemble de l'année, ce qu'on a pu mettre en évidence, c'est que le taux d'accès dans les formations de l'enseignement supérieur sont la première source d'émotion négative, en tout cas la plus importante chez les adolescents en classe de terminale, avec à sa suite, juste en dessous, des aspects liés au coût du logement. puis au taux de réussite dans la formation et au coût d'inscription, en troisième, à égalité. Puis les trois ensemble, l'utilisation du site de Parcoursup, les débouchés des formations et le fait de devoir quitter ses amis pour partir faire des études supérieures. Et enfin, en dernier, le fait de quitter sa famille, puis enfin quitter sa région. Là c'est une première… première analyse des résultats, vraiment, en moyenne, et un petit peu plus tard dans la continuité de ce projet, on verra comment ces sources évoluent. Au niveau des profils d'intensité d'émotions positives et négatives, on a pu mettre en évidence six grands profils, avec un premier profil, qui se caractérise plutôt par un ressenti d'émotions positives intenses et un faible ressenti d'émotions négatives durant toute l'année ; à l'inverse des adolescents qui ressentent principalement des émotions négatives et des émotions positives qui vont être très basses. Un troisième profil, caractérisé par à la fois des émotions positives et négatives intenses, à l'inverse des adolescents qui vont ressentir une faible intensité des émotions positives comme négatives, et les deux dernières trajectoires d'intensité des émotions qui vont être plus dynamiques, avec des adolescents qui rapportent ressentir des émotions négatives très intenses en début d'année et plus basses pour les émotions positives, mais avec un inversement de la tendance au fur et à mesure de l'année, avec une augmentation des émotions positives et une diminution des émotions négatives. Et enfin, un dernier profil, caractérisé par des émotions positives intenses durant toute l'année, mais avec une augmentation au fur et à mesure de l'année, de l'intensité des émotions négatives. Par rapport à la répartition de ces différents profils émotionnels, en lien avec les caractéristiques sociodémographiques et scolaires, on observe une surreprésentation des garçons dans les trajectoires caractérisées par des émotions négatives faibles et une surreprésentation des filles dans les trajectoires d'émotions négatives élevées. Et on n'observe pas de différence par rapport à la perception du niveau scolaire ou des filières dans la représentation, l'intensité, pardon, des émotions ressenties par les adolescents. Donc, maintenant : comment ces différentes trajectoires émotionnelles et identitaires s'articulent ? Je vais commencer par ça, et ensuite je vais vous parler un petit peu des différences des sources d'émotions négatives, par rapport aux trajectoires identitaires. Ce qu'on observe, c'est que les adolescents qui ont un haut niveau d'engagement tout au long de l'année avec exploration, et les adolescents qui renforcent leur engagement tout au long de l'année avec une forte exploration, sont plutôt caractérisés par des émotions positives intenses, et pour les premiers, avec des émotions négatives, qui augmentent au fur et à mesure de l'année. Probablement parce que du fait qu'ils se soient renseignés et qu'ils perçoivent le risque de ne pas être acceptés dans des formations, ces adolescents, même s'ils ont hâte d'accéder aux études supérieures, l'intensité de leur émotion négative augmente au fur et à mesure de l'année. On voit pour les seconds, c'est vraiment les deux émotions fortement intenses, deux types d'émotions fortement intenses durant toute l'année, du fait probablement qu'ils aient commencé l'année avec des doutes importants. Deuxièmement, les adolescents dans une trajectoire modérée et stable sont plutôt caractérisés par des émotions plutôt positives et des émotions plutôt positives intenses et négatives faibles durant toute l'année. On voit que le fait qu'ils n'aient pas formé d'engagement fort, sur le plan de leur identité vocationnelle, n'est pas vraiment une indication qui traduit une difficulté forte, pour ces adolescents. Alors qu'en comparaison, la trajectoire de reconsidération élevée et stable se caractérise plutôt par des émotions négatives très intenses et très peu d'émotions positives. Enfin, la dernière trajectoire de l'identité vocationnelle se caractérise par un très fort changement sur le plan émotionnel. On voit que les émotions négatives suivent la pente de la diminution des doutes vis-à-vis de soi, alors que les émotions positives suivent la pente ascendante du renforcement de l'engagement vocationnel des adolescents. En termes des différences liées aux sources d'émotions négatives, ce qu'on a pu mettre en évidence, c'est que les peurs liées au taux d'accès des formations sont plus élevées chez les adolescents qui ont fortement exploré et qui ont fait un choix par rapport aux adolescents qui sont en difficulté dans le renforcement de leur engagement vocationnel ou qui sont peu investis dans le domaine vocationnel. Comme je l'ai dit tout à l'heure, c'est certainement parce que les adolescents qui se sont renseignés sont peut-être plus au fait des critères d'accès aux formations et ont plus envie de rentrer dans une formation en particulier qui leur permettra d'accéder, de continuer leur projet d'orientation. À l'inverse, les adolescents qui ont justement des difficultés à consolider un engagement vocationnel, qui sont principalement dominés par des doutes, eux sont plutôt inquiets par rapport au débouché des formations, ce qui caractérise plutôt une difficulté à percevoir à long terme leur futur vocationnel, alors que c'est moins le cas pour les adolescents qui, soit sont peu investis, soit ont déjà une idée claire de leur parcours vocationnel. En guise de conclusion et pour terminer cette présentation, ce qu'on a pu montrer dans cette deuxième étude, c'est dans un premier temps, des trajectoires qui sont similaires à celles observées dans les travaux précédents, mais avec une plus grande proportion d'élèves en difficulté, en matière de construction d'identité vocationnelle, ce qui nous amène à penser que c'est une population, même si on a vu qu'il n'y avait pas de différence entre les lycées qu'on a étudiés dans cette deuxième étude, c'était important de se centrer sur l'accompagnement de ces élèves-là dans des lycées éloignés des grands centres de formation. Deuxièmement, on a pu voir l'importance de considérer ,à la fois les émotions positives et négatives, puisque ça va plutôt être l'absence de ressenti d'émotions positives qui va être un indicateur de difficultés fortes, en matière de construction de l'identité vocationnelle. Enfin, sur le plan des sources d'émotions négatives, on espère que cette étude pourra mener à des protocoles d'intervention qui vont être plus ciblés sur les difficultés ressenties par les élèves, où l'ensemble de l'échantillon est principalement stressé par le taux d'accès aux formations et le coût du logement, mais qui a des spécificités en fonction des trajectoires de l'identité vocationnelle. Cette articulation entre source d'émotion négative et identité vocationnelle permettra de mettre en place des accompagnements plus personnalisés, plus ciblés pour les besoins des adolescents. Enfin, pour terminer, en termes d'implication dans les pratiques à l'université, cette transition entre études secondaires et études supérieures, ce n'est pas seulement une transition académique, c'est aussi une transition développementale, où il y a plusieurs aspects de la vie des adolescents qui vont changer, notamment leur statut, qui va passer d'adolescent à jeune adulte, leur environnement scolaire, et les attentes scolaires liées à ce changement d'environnement entre le lycée et les études supérieures et leur environnement social, notamment avec l'éloignement des parents et l'importance des groupes de pairs. L'ensemble de ces changements environnementaux et développementaux, qui peuvent être bénéfiques notamment pour les adolescents en quête identitaire, notamment la trajectoire modérée stable, qui n'ont pas encore vraiment investi la question vocationnelle, puisque avec toutes ces nouveautés en termes de changement et d'environnement, ça va pouvoir potentiellement susciter un intérêt pour ces adolescents-là, et cela peut être potentiellement à risque pour les adolescents qui se sont engagés dans un parcours avec peu d'exploration au préalable, qui pourraient être confrontés à une réalité qu'ils n'avaient pas envisagée et du coup devoir reconsidérer leur engagement. Merci pour votre attention. Oui, tout à fait, on partagera votre présentation avec l'ensemble des personnes présentes sur notre site Onisep.fr. Donc, nous allons pouvoir répondre à quelques questions, si ça vous convient. Alors, on a Françoise Weber qui nous parle des nouveautés de Parcoursup, qui sont liées à la formation des doublettes des jeunes ayant une proposition d'admission, qui lui semblent contre-productives et qui risquent d'augmenter l'angoisse de certains jeunes, voire de susciter une autocensure. Est-ce que vous avez eu connaissance de cette nouveauté ? Ah oui, alors c'est…, ça peut amener…, en fait c'est compliqué, on voit… c'est…, je crois que ma caméra a buggé ; avant de répondre à la question, je vais essayer de la remettre ; c'est... Oui, forcément, ça peut amener à des difficultés sur le plan émotionnel, et en fait, plus généralement, l'apport d'informations concernant l'orientation peut avoir un effet bénéfique pour les jeunes, comme néfaste, dans le sens où suivant la configuration identitaire dans laquelle les jeunes sont, notamment en début d'année, s'ils ne sont pas accompagnés dans l'appréhension des informations liées à leur orientation, ça peut les amener à plutôt percevoir du doute, et comme on le voit avec les adolescents relevant d'une trajectoire de reconsidération élevée de l'engagement, qui ont l'impression de ne pas avoir de prise sur leur orientation, amener plus d'informations à ces adolescents-là ne sera peut-être pas le plus pertinent, et ça peut amener à plus de stress ou plus de doutes. Pour d'autres, comme pour les adolescents qui ont déjà un projet relativement clair et qui se sont renseignés, ça peut être des informations qui sont prises en compte, là on n'a pas vraiment de de données sur l'impact que ce nouvel aspect, lié à Parcoursup, va avoir. De façon générale, c'est toujours difficile de venir isoler l'effet d'une d'une nouvelle application dans les procédures d'orientation, puisque ça n'arrive souvent jamais seul, Il y a toujours un ensemble de nouveaux aspects qui arrivent ensemble. Par exemple, entre les deux études que je vous ai montrées, les dates d'épreuve du bac n'étaient pas du tout les mêmes. Lors de l'étude d'ACCES, elles étaient beaucoup plus tôt dans l'année, par rapport à la première étude de test que je vous ai présentée. Et ça, c'est aussi des aspects qui peuvent participer aux différences qu'on a mises en évidence dans notre étude. Merci. Virginie, si tu veux poser une autre question ? Oui, bien sûr. Une autre question. Est-ce que vous pourriez nous donner des exemples de ce que vous qualifiez " d'émotions négatives " et " d'émotions positives " ? Est-ce que ce sont les adolescents qui les ont définies ou bien est-ce que c'est un professionnel qui a défini cette notion d'émotion négative et positive ? Est-ce qu'il y avait des raisons ? Oui, tout à fait. Je suis en même temps en train de retourner chercher le questionnaire. On a proposé des sentiments, des exemples d'émotions positives et négatives aux adolescents qui sont issus d'un questionnaire de la littérature scientifique sur le développement émotionnel. Et donc, en fait, c'est un ensemble d'émotions qui sont positives et négatives, qui sont proposées aux adolescents et les adolescents doivent se positionner sur " à quel point ils ont ressenti cette émotion de façon intense par rapport à leur orientation ". Et donc, on avait, pour les émotions positives, on avait le fait " d'être intéressé, enthousiaste, inspiré ou déterminé ". Et pour les émotions négatives, on leur proposait les sentiments " d'être angoissé, effrayé, nerveux, craintif et stressé ". Dans le questionnaire, on leur permettait également d'indiquer s'ils ressentaient une autre émotion de manière forte, outre que celles qu'on avait proposées. On leur proposait ces neuf émotions et ensuite on rassemblait les scores de ces émotions positives et négatives ensemble, pour avoir un score global de ressentis d'émotions positives et négatives. Merci pour votre réponse. Une autre question, qui est complètement liée à la première : est-ce que vous avez des pistes pour travailler les émotions dites " négatives " ou " négatives très intenses " dans le champ de l'orientation ? Des pistes pour travailler les émotions, c'est-à-dire l'accompagnement des professeurs principaux par exemple, des psychologues de l'éducation nationale. Alors déjà, une des premières pistes qu'on peut tirer via les résultats des études qu'on a réalisées et plus largement de la littérature, c'est déjà d'avoir pu identifier l'ensemble des configurations qui sont possibles en termes de ressentis, d'émotions positives et négatives, qui va nous permettre et leur lien avec les trajectoires de l'identité vocationnelle, ne serait-ce que savoir que le fait que les élèves, qui sont en capacité d'exprimer des émotions positives, sont aussi plus fréquemment les élèves qui, sur le plan de la construction de leur projet d'orientation, sont ceux qui s'en sortent bien ou qui vont bien s'en sortir, c'est déjà un premier résultat qui est important, notamment à communiquer aux professeurs principaux, qui sont vraiment au quotidien en contact avec les élèves, parce qu'ils vont pouvoir, avec un ensemble de questions qu'on aimerait pouvoir ensuite, dans la suite de ce projet, mettre au point ou pouvoir essayer d'identifier les adolescents les plus en difficulté. Et après sur l'accompagnement, notamment par rapport à la gestion des émotions négatives, on va essayer d'accentuer le travail, notamment sur le fait, déjà, que les adolescents peuvent et ont un environnement qui va être soutenant s'ils expriment des émotions négatives, que ça ne va pas être perçu comme une forme de faiblesse ou que sais-je, mais que ça va justement être un signal, qui va permettre à l'environnement de venir les aider et notamment, en fonction des problématiques vocationnelles des adolescents, on va pouvoir notamment via les résultats qu'on a montrés, par rapport aux sources d'émotions négatives, pouvoir venir cibler les aspects de l'orientation qui sont le plus susceptibles de susciter ces émotions négatives pour ces élèves-là, tout le temps, tout le temps en faisant un travail réflexif sur la manière dont les adolescents gèrent ces émotions, en repensant au moment où ils ont ressenti des émotions négatives intenses, à comment ils les ont gérées, à qu'est-ce que ça a provoqué chez eux et dans leur environnement ? Est-ce que ça a servi à faire diminuer l'intensité des émotions négatives à plus ou moins long terme, et réfléchir à la mise en place de peut-être d'autres stratégies de régulation émotionnelle, comme on a vu avec la recherche de soutien social, ou le fait d'essayer de voir les situations sous un angle positif. Alors, M. Savary, nous fait ce commentaire très précis : " Bonjour, concernant le projet ACCES, nous réfléchissons actuellement davantage à l'essaimage et à l'implantation à long terme des actions expérimentées pour l'orientation des élèves. " Alors cette petite note, c'est Muriel Savary, c'est la directrice du projet ACCES, qui nous fait cette note. Bonjour Muriel. Donc là, je suis vraiment dans les études que je vous ai présentées. C'est une petite partie du projet ACCES. Je suis vraiment dans une " action-recherche " pour l'instant, pour vraiment identifier les configurations..., la manière dont les adolescents, dans ce cadre-là, formulent leurs vœux d'orientation. C'est vrai qu'il y a tout un tas d'actions, notamment menées par les chargés d'action, pour favoriser justement les aspects réflexifs liés à l'orientation des jeunes, le fait de leur faire découvrir d'autres possibilités d'orientation. Il y a tout un tas de protocoles, qui sont mis en place notamment auprès aussi des professeurs principaux auprès des lycées rattachés à l'académie de Bordeaux, de Montaigne ou de Pau. On a des actions qui notamment portent sur des capsules vidéo, où les chargés d'action retrouvent d'anciens élèves des lycées partenaires du projet ACCES, pour qu'ils soient filmés et qu'ils fassent des petites captures vidéo pour présenter leur parcours d'études et leur parcours professionnel aux élèves. On a mis au point un jeu sérieux, pour soutenir, notamment, l'accompagnement de l'orientation avec les professeurs principaux, donc c'est un espèce de jeu avec des tableaux, pour découvrir différentes formations, les compétences associées à ces formations, les études nécessaires pour les réaliser, qui est mené [le jeu] par les professeurs principaux. Il y a d'autres actions qui ont été menées notamment sur le genre avec des des pièces de théâtre, je n'ai pas toutes les actions en tête, mais il y a un certain nombre de choses qui sont mises en place, actuellement, directement dans les lycées, pour justement favoriser la construction de l'identité vocationnelle des adolescents. Merci beaucoup, nous allons devoir nous arrêter ici. Merci infiniment, M. Pineau. Votre conférence sera à disposition en rediffusion sur notre site. Chers internautes, nous nous retrouverons le mercredi 12 mars à 14h et nous recevrons M. Pierre Périer qui est sociologue et sa conférence s'intitulera « Co-éducation et orientation, quelle place et quel choix des familles ? » Encore un grand merci, M. Pineau, et merci à toutes et tous. Merci. Merci à vous. Bonne journée. Merci.
Simon Pineau se propose de répondre à la question suivante : Comment la réflexion et les recherches approfondies des adolescents et de leur entourage influent-elles sur les choix d’orientation ? Actuellement post-doctorant – PIA3 ACCES (ACCompagner vers l’Enseignement supérieur) au Laboratoire de psychologie de l’université de Bordeaux UR4139, Simon Pineau poursuit ses travaux de recherche sur l’orientation des adolescents en classe de terminale.
Vidéo publiée en février 2025
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