Lycéens du monde rural : quels enjeux dans les choix d’orientation ? - OnisepTV : l’information pour l’orientation en vidéo
Lycéens du monde rural : quels enjeux dans les choix d’orientation ?
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Je travaille depuis 2017, début de ma thèse, sur les jeunes ruraux, et plus particulièrement sur les jeunes ruraux qui sont dans des situations de vulnérabilité, aussi d’invisibilité, ceux dont on ne parle pas ou souvent qu’en mal. Donc c'est une recherche initiale qui était sur le décrochage scolaire en milieu rural. On avait des résultats qui étaient un peu surprenants dans le sens où les ruraux à la fois touchaient plus à l'emploi que les urbains lorsqu'ils n'avaient pas de diplôme et en même temps on observait une pauvreté qui était plus intense. Et donc je me suis dit de manière très candide : d'où vient cet anti-sarkozysme primaire de travailler plus pour gagner moins ? qu'est ce qui fait qu'il y a ce rapport particulier ? Et donc j'ai essayé de comprendre ça, je suis allé à la rencontre d'une centaine de jeunes sur, à la base, les départements de Gironde, de Charente et de Creuse, aussi avec des professionnels de terrain, pour essayer de retracer un petit peu leur parcours, de leur suivi de la scolarité jusqu'au moment où on décroche. Puis, comment on fait quand on est dans cet entre-deux, pas encore dans l'emploi, mais plus vraiment à l'école ? Est-ce qu'on raccroche ? Est-ce qu'on arrive à s'insérer ? Comment on fait pour devenir adulte avec ces cartes en main ? Donc, ça a été ma recherche initiale, qui a été, je dois dire, très riche. Moi, je m'attendais à avoir des jeunes qui ne souhaitaient pas forcément parler, puisque pourquoi discuter avec un sociologue qui vous demande de raconter votre vie ? Et finalement, j'ai eu un terrain extrêmement riche en données, qui m'a donné de nombreuses ouvertures sur des sujets qui sont mes sujets actuels et des sujets futurs aussi d'enquête. et donc de manière générale, je continue de travailler sur la jeunesse et la ruralité. Donc, à travers cette présentation, j'aimerais répondre à cette problématique qui est celle des lycéens dans les territoires ruraux. On se rend compte très souvent que les jeunes, dans les territoires ruraux, se tournent vers des filières qui sont plus courtes, qui sont aussi plus professionnalisantes, et donc on pourrait se demander quels sont les mécanismes sous-jacents. La première réflexion qu'on a, qui est une pensée un petit peu simpliste de la chose, serait de se dire que dans une vision un peu folklorique, les villes c'est là où il y a le savoir, les universités, les connaissances, les gens sont instruits et donc les campagnes sont en retrait, n'ont pas cet accès et donc c'est un peu par fatalité ou par reproduction sociale qu'on se dirige vers ces filières-là. Or la réalité est beaucoup plus complexe et laisse à voir des enjeux et des stratégies qui sont à mon sens beaucoup plus intéressants à observer que cette lecture un petit peu simpliste de ce phénomène d'une orientation beaucoup plus massive vers des filières courtes et professionnalisantes chez les ruraux que chez les urbains. Dans un premier temps, je pense que c'est important de savoir de quoi on parle lorsque l'on parle de ruralité. C'est un terme, "la ruralité", "les campagnes", qu'on utilise assez facilement et on arrive comme d'autres termes comme "la jeunesse", "la richesse", on arrive à voir ce que c'est à peu près, mais dès qu'il faut poser les mots dessus, on a beaucoup de mal finalement à réussir à préciser vraiment ce que seraient les espaces ruraux. Alors on se dit que c'est des espaces où il y a des champs, où il y a des vaches, très bien, mais c'est assez difficile de les définir de cette manière. On a globalement trois manières de définir la ruralité. On a une manière qui va être on va dire subjective ou un peu folkloriste des fois, c'est de dire tout simplement, à partir du moment où j'ai l'impression que c'est du rural, et bien c'est du rural. La difficulté avec ça, c'est qu'on a des réalités, des échelles qui vont être un petit peu différentes. L'exemple que je donne toujours, c'est des amis parisiens qui me parlent de la ville dans laquelle je vis, où on a 30 000 habitants, comme de "ma petite campagne", qui pour moi est une réalité très urbaine en périphérique d'une grande ville. À l'inverse, des fois je discute avec des jeunes ruraux qui me disent : "moi, je ne supporterais pas d'aller dans une grande ville, des grands espaces des métropoles où il y a du monde, des voitures partout, je ne supporterais pas". "Vraiment, Angoulême, c'est extrêmement angoissant". Alors que pour moi, Angoulême ne représente pas forcément le pinacle du modèle urbain. Du coup, plutôt s'intéresser aux deux autres aspects. Le premier, on a une approche fonctionnelle et une approche morphologique. La seconde, c'est celle qui me plaît un petit peu moins, c'est de définir le rural en fonction de sa distance avec un centre urbain. Il peut avoir des enjeux, effectivement, mais ça reste une définition qui est très urbano-centrée. C'est-à-dire que le rural ne pourrait se définir que dans sa relation avec l'urbain. Or, on ne définit jamais une ville en fonction de sa distance avec la campagne la plus proche. Donc ça serait accepter le fait qu'on hiérarchise les territoires et ça me gêne un petit peu. Le dernier élément, c'est la définition que donnait l'INSEE, qui était de dire que c'était des communes jusqu'en décembre 2020, des communes de moins de 2000 habitants avec une faible ou très faible densité de population. Alors pourquoi je vous dis "décembre 2020", c'est parce que j'étais en train de finir mon traitement statistique à cette époque-là et que l'INSEE a décidé de ne plus prendre en charge, en considération les 2000 habitants, ce qui fait que j'ai dû refaire toutes mes bases statistiques, ce qui fait que je me souviens très bien de cette date. Tout ça pour dire, en avançant, on se dit que la ruralité, ce sont des territoires dans lesquels il y a une faible densité de population. et donc ce sont des territoires qui sont très largement hétérogènes, il n'y a pas une ruralité, ça n'est pas la même chose d'être un jeune rural ultramarin que d'être un jeune qui vit de manière insulaire, à Oléron par exemple, que d'être un jeune qui vit dans un contexte plus montagnard, que d'être dans un territoire très touristique qui va avoir des enjeux et des problématiques particulières, ou d'être dans un territoire avec une très très faible densité de population, de désindustrialisation, comme par exemple dans le Grand Est. Donc il faut bien garder en tête que la ruralité, c'est à peu près les deux tiers du territoire français, c'est un tiers de la population, et donc c'est un ensemble de réalités multiples. Au niveau sociologique, la ruralité ne veut pas vraiment dire grand-chose. Ça n'est pas une réalité culturelle, ça n'est pas une réalité sociale, c'est bien plus une réalité administrative. Alors bien sûr, il y a des enjeux qui sont communs. Vu qu'il y a une plus faible densité de population, on a un éloignement. entre les espaces. On a des questions d'accès aux services qui sont particulières. On a aussi de manière intéressante, et je reviendrai là-dessus, une composition socioprofessionnelle qui est particulière, mais ce n'est pas une unité, en tout cas. Donc, pour revenir à notre sujet, qui est du coup les lycéens ruraux, je voudrais commencer sur le cursus, en passant de l'école au collège, puis au lycée, puis à ce qui vient après. Et une des premières hypothèses, comme je le disais, qu'on pourrait se faire, c'est de dire, finalement, les écoles rurales, peut-être, sont-elles moins bonnes qu'en ville ? C'est en tout cas un discours qui peut être un petit peu récurrent, de se dire la campagne c'est un espace où il y a moins de culture ; où il y aurait des fois un terme de déficit culturel ou de déficit intellectuel qui a été utilisé dans certains articles. Et donc on peut se questionner finalement comment se positionne, quel est l'état de cette école rurale ? Donc encore une fois, j'uniformise plein de réalités différentes. Et le premier élément qu'on voit avec ce tableau, c'est le nombre d'établissements en milieu rural. Donc si on voit le nombre d'établissements, les écoles sont au nombre de 17 000 dans les territoires ruraux, les collèges 839 et les lycées 45. On voit donc que, quand on regarde par exemple le pourcentage des établissements, qu'il y a un affaiblissement massif. Les lycées, sur une commune rurale sont très rares, alors que les écoles représentent plus d'un tiers et en fait représentent, quand on voit le pourcentage des élèves ruraux, on a une surreprésentation des établissements ruraux par rapport au pourcentage d'élèves. Et quand on avance avec le collège on en a beaucoup moins et au lycée on en a très très peu. Ce qui va se passer avec cette situation c'est que on a beaucoup d'établissements pour un pourcentage un petit peu plus faible. Et donc, ça va être ces petites écoles de villages qui font souvent débat lorsqu'on parle de leur fermeture, puisqu'on dit qu'elles nous coûtent trop cher, puisqu'on dit qu'il faudrait créer des unités entre villages qui imposent encore des questions de mobilité pour les parents. Moi, en tout cas, je suis et je pense, resterai un défenseur de ces petites écoles qui permettent de faire de la proximité et surtout qui, et plusieurs recherches le montrent, ont des effets très largement positifs. Ce n'est pas surprenant, un des premiers éléments très simples sur les effets positifs c'est des classes avec des plus petits effectifs. Il n'est pas déraisonnable de considérer qu'un enseignant qui a 12 ou 15 élèves dans sa classe et un enseignant qui en a 25 ou 30, il y en a un qui aura un petit peu plus de temps à accorder à chacun aux difficultés et donc à pallier ces situations. Je vais revenir mais il y a d'autres éléments qui vont jouer un jeu aussi là-dedans. En tout cas, gardons ça en tête. Il y a du coup en moyenne 70 élèves dans une école en milieu rural contre 167 en ville, ce qui est 2,4 fois plus. Au collège, dans les collèges ruraux, on a en moyenne 281 élèves contre 516. Alors bien sûr, ça ne veut pas dire que les effectifs sont forcément différents, mais globalement on est sur des plus petites structures. Ce qui se passe, moi, lorsque j'ai étudié les jeunes dans les territoires ruraux, c'est que le passage de la primaire au collège est souvent mal vécu, notamment parce qu'un grand nombre de ruraux vont dans des collèges qui sont dans des villes, qui sont dans des plus grandes structures pour les accueillir. Et lorsqu'on est un petit peu perdu dans cette foule, j'ai beaucoup de jeunes qui nous disent qu'ils ont l'impression qu'ils ne peuvent plus trop se permettre, quand les classes sont plus grandes, de prendre la parole. quand ils ont du retard, parce qu'ils se disent, d'autres aussi ont du retard, "on me fait comprendre que je ralentis le cours et qu'au bout d'un moment, quand ça fait 2-3 fois que je pose une question, j'arrête parce que je ne sais plus comment trop avancer". Donc cette transition, elle peut être aussi un petit peu difficile. Un autre élément qui va jouer là-dessus, ça va être les classes multiniveaux. Il y a 45% des classes qui sont multiniveaux à la campagne et 38% au collège à la campagne, contre 6% de classes multiniveaux en ville. Il y a de grands débats sur l'influence des classes multiniveaux dans la réussite. En tout cas, on voit que les espaces ruraux ont beaucoup plus de classes multiniveaux. De manière générale, on a un état de la littérature scientifique qui nous montre qu'il y a soit un effet positif, soit qu'on a une difficulté à estimer l'effet des classes multiniveaux et que ça serait peut-être positif ou neutre. Quoi qu'il en soit, ça reste un résultat un peu satisfaisant pour ces territoires ruraux puisque les classes multiniveaux soit ont un effet neutre, n'ont pas forcément d'effet, soit ont un effet positif. sur les retards et sur la capacité d'apprentissage. À côté de ça, on a aussi des enseignants qui sont plus jeunes dans les territoires ruraux. On a 27,6% qui ont moins de 35 ans à la campagne contre 23,7% en ville, et les enseignants de plus de 50 ans ne sont que 14,3% en milieu rural contre 21,4% en ville. Donc, pour résumer, on a en primaire surtout des classes beaucoup plus d'établissements, donc des établissements de proximité, avec des classes qui sont souvent avec des plus petits niveaux, avec des classes à multi-niveaux qui ont l'impression qu'ils ont plutôt un effet positif, avec des enseignants qui sont souvent plutôt jeunes. Alors pareil, on a des débats sur : est-ce que ça veut dire qu'il y a un manque d'expérience ou à l'inverse qu'il y a une volonté d'investissement qui est peut-être plus présente ? Mais en tout cas, voilà l'état de la situation. Gardons ça en tête et mettons du coup en parallèle avec la composition des jeunes qui sont rencontrés. Les jeunes ruraux, on le voit, sont plus marqués par une population qui est d'un milieu de vie qui serait défavorisé. On voit 36,7%, ce qui est en fait la partie la plus importante, mais qui est aussi la partie la plus importante lorsqu'on regarde dans l'urbain. Et donc, on a des chiffres qui ne sont pas si différents que ça. Lorsqu'on regarde avec la moyenne en milieu rural, la moyenne des classes moyennes en milieu rural, on voit qu'on est à 30,66% contre 25, donc un petit peu plus de classes moyennes. Sur les classes favorisées, on a un léger avantage sur le rural, mais qui est très faible, voire négligeable. Et par contre, là où on va avoir une différence un petit peu importante, ça va être sur les classes très favorisées, où on va avoir 20,68% et 15,97% en milieu rural. Ce que cela nous montre, c'est qu'on a plutôt un effet de classe populaire, ce qui représente plus des deux tiers de l'origine sociale en milieu rural, c'est les classes moyennes ou défavorisées. Les classes très favorisées sont moins importantes, et de manière générale, lorsqu'on regarde les tableaux statistiques chez les parents en milieu rural, et bien effectivement, ce qui marque le plus, ce sont les employés, les employés peu qualifiés, notamment les ouvriers, et on a très peu de la catégorie de cadres, cadres supérieurs et professions intellectuelles supérieures dans ces territoires. On pourrait donc se dire, avec une idée de reproduction sociale très simple, que puisqu'on a des origines plutôt défavorisées, un petit peu plus en tout cas qu'en ville, de manière d'une lecture de reproduction sociale, de transmission de capitaux très basique, dans ce cas-là, on aurait des jeunes qui devraient avoir peut-être des résultats inférieurs en milieu rural qu'en ville. Or, ce qu'on remarque, c'est que le score moyen des évaluations des ruraux, il est peu ou prou équivalent à la moyenne nationale. Même dans certaines situations en maths et en français, on a une légère supériorité des résultats des ruraux sur les urbains. Ça, c'est un résultat qui est intéressant, puisque, en général, la composition sociale d'un groupe indique une certaine forme de réussite scolaire. On a l'impression, donc, que dans les territoires ruraux, finalement, il n'y a pas ce retard, ce déficit culturel, qu'on aurait pu invoquer parce que la composition sociale est différente. Au contraire, on voit qu'il y a des scores qui sont équivalents, voire dans certains cas supérieurs. Ce n'est donc pas parce qu'ils sont moins bons que les jeunes ruraux s'orientent vers des filières qui sont plus courtes ou plus professionnalisantes, et donc il faut chercher quelque chose d'autre. Il faut se demander : qu'est-ce qui fait qu'ils vont s'orienter vers ces autres types de formations ? Pour aller plus loin sur ce phénomène de la maîtrise, lorsqu'on regarde les chiffres sur l'illettrisme par exemple, 26% des personnes illettrées viennent de milieu rural, et c'est un pourcentage qui est sous-représenté face à une population qui représente un tiers des habitants. Donc, pareil, l'illettrisme n'est pas vraiment quelque chose qui provient de nature des territoires ruraux et en fait c'est aussi quelque chose qui diminue. Alors je le marque, on a perdu 2% en milieu rural depuis 2004 et puis surtout, qui est marqué bien plus par l'âge. Ce sont généralement des personnes qui ont plus de 46 ans qui sont en situation d'illettrisme dans les territoires ruraux. Donc les jeunes ne sont pas tellement, ou moins en tout cas, marqués par ces phénomènes-là qui devraient avoir cette tendance. Comment est-ce qu'on peut donc expliquer ce phénomène ? Sociologiquement, ça nous intéresse de savoir : qu'est-ce qui se passe derrière un résultat surprenant ? Quand la sociologie nous explique qu'il y a des lois et que certains groupes dérogent à ces lois. Eh bien, un des premiers éléments qu'on peut invoquer, c'est que des auteurs s'accordent à dire qu'il y a une implication plus forte des familles dans la scolarité et notamment une confiance plus importante de la part des parents issus des classes populaires avec le travail des enseignants. Ça s'est rendu possible par ce travail de proximité, d'où aussi l'importance d'avoir des écoles de proximité et des services de proximité, d'ailleurs, de manière générale. Ça crée aussi un lien et un lien de confiance qui permet d'aller dans le bon sens lorsque l'on souhaite enseigner. Un exemple tout simple, mais lorsque vous avez la maîtresse à l'école ou le maître, qui a eu aussi le grand frère, la grande sœur, qui a le petit frère, et bien dans ce cas-là, on a peut-être plus confiance, on connaît déjà la personne. Au même titre, je suis sur un terrain en grande situation de pauvreté, et j'étudie en Gironde, et je suis une famille, et donc il y a la maîtresse la maîtresse de maternelle qui, à chaque fois qu'elle va au Leclerc du coin, croise les parents d'élèves, discute avec eux, et donc on se croise dans la vie de tous les jours, on se croise aux fêtes de village, on est invité parfois aux mêmes événements, et donc il y a une cohérence, un lien humain qui se crée aussi, et qui finalement, les recherches le montrent, sont plutôt favorables à l'enseignement et au bon suivi de la scolarité, notamment chez les élèves issus de classes populaires. L'autre question, c'est de se demander si les enseignants sont plus investis. Alors, les résultats par rapport à l'âge et l'investissement sont un petit peu plus flous. Par contre, ce qu'on peut voir, c'est qu'effectivement, le fait d'avoir des effectifs plus faibles dans ces classes en primaire, eh bien a tendance à endiguer des phénomènes de retard. Comme je le disais, il y a aussi l'aspect multiniveaux des formations qui vient jouer là-dedans, et donc on a une formation qui peut être en primaire, en tout cas ça s'atténue un petit peu avec le collège, mais qui permet d'avoir cette réussite-là. Enfin, notons que 72% des collégiens ruraux vont faire leurs études dans un collège urbain et 58% au sein de grands pôles urbains. Donc le parcours des ruraux, des jeunes qui vivent à la campagne après la primaire, globalement, est déjà marqué par des parcours qui sont un petit peu plus urbains et qui sont marqués par la ville. Ça veut dire qu'ils ne sont pas du tout distanciés ou pas du tout opposés à cette ruralité. Il ne faut pas voir les jeunes ruraux comme une espèce à part entière qui serait complètement différente des jeunes urbains, ils sont extrêmement proches. Mais voilà, finalement, on a une population qui devrait avoir des résultats inférieurs, si on suivait un peu les grandes règles holistiques de sociologie, et qui finalement ne s'en sortent pas moins bien. Donc ça ne peut pas être notre explication pour comprendre pourquoi il y a ce type d'orientation. On voit que chez les ruraux, on a 62% qui se dirigent vers un collège général ou technologique contre 69% chez les urbains, alors ce n'est pas des statistiques qui sont massivement différentes, mais on a une tendance quand même qui se dessine, au même titre qu'on a 76% des ruraux qui vont se diriger vers des études supérieures et 82% des urbains. On a donc une tendance à avoir des études qui sont plus courtes et plus professionnalisantes dans ces territoires. Reste à savoir finalement pourquoi. On a dégagé quelque chose de très essentialiste, une vision un peu folkloriste des espaces ruraux, Qu'est-ce qui se passe derrière tout ça ? Un des premiers éléments qu'on peut mettre de côté en jouant par élimination, ce serait le manque d'ambition des élèves ruraux. C'est un discours que moi j'entends souvent lorsque je discute avec des conseillers d'orientation, des CPE, mais également avec du personnel en mission locale. Ça serait que finalement les jeunes ruraux manquent d'ambition, ne rêvent pas assez loin. Et en réalité cette question du manque d'ambition, moi je la comprendrais comme un rapport plutôt cohérent et bien plus terre à terre avec l'offre de formation qui est sur place. C'est-à-dire que là, les urbains ont souvent moins d'idées vers quoi ils veulent se diriger, notamment lorsqu'on suit un cursus général. On ne sait pas forcément vers quoi ça va exactement nous amener. Eh bien, les jeunes ruraux, qu'ils soient au collège ou au lycée, ont une idée un petit peu plus claire de ce qu'ils veulent faire, notamment de ce qu'ils veulent faire en restant sur le territoire. Il faut donc penser ce rapport entre formation, emploi et territoire. En clair, sur un territoire donné, il y a souvent un rapport cohérent entre l'offre de formation et le marché de l'emploi. L'exemple que je donne souvent, c'est si vous voulez faire des études dans l'aérospatiale, donc cette formation, vous allez sur un territoire particulier, vous allez par exemple à Toulouse, et vous allez à Toulouse pour faire votre formation, mais aussi pour travailler puisque l'emploi est disponible là-bas. il y aurait une dissonance si on partait faire un master de criminologie en Corrèze en espérant trouver un poste directement en milieu rural en Corrèze en criminologie, où l'offre du marché de l'emploi n'est pas présente. Donc, en pensant ce rapport, en fait, il y a quelque chose de très cohérent pour les jeunes qui veulent être sur place. Il faut se dire que partir du coup dans ce rapport formation, emploi, territoire, partir faire des études, ça ne veut pas seulement dire faire des études, mais ça veut dire aussi souvent aller travailler plus tard en ville. Et ça n'est pas donc passer deux, trois, cinq ans, voire huit ans en ville, loin de son milieu d'origine, mais ça veut dire surtout peut-être ne plus jamais revenir. Et donc, il faut penser qu'il y a un coût relationnel, un coût émotionnel qui est extrêmement fort. Et on demande du coup, parfois, à des jeunes qui vont avoir 16, 17, 18 ans, de décider non seulement d'une orientation, mais peut-être d'un parcours de vie entier, qui serait complètement distancié de son entourage, des gens qu'on aime, etc. Et même si on peut être très cynique ou avoir un rapport très rationaliste, on ne peut pas mettre de côté le fait que nous sommes des êtres sociaux, nous sommes des êtres relationnels et nous sommes des êtres émotifs. Et donc l'émotion va toujours avoir un poids très fort dans ces choix. Et donc, en plus de ça, pour les jeunes les plus précaires, s'éloigner pour faire des études, chez ses parents, des études plus longues, des études moins professionnalisantes, qui sont les études courtes et professionnalisantes qui sont proposées dans les territoires ruraux plus massivement, parce que l'emploi derrière correspond à ce type de formation. Eh bien, s'éloigner de chez ses parents, c'est aussi un coût supplémentaire. Si je veux faire mes études à Bordeaux et que mes parents habitent à Bordeaux, je peux potentiellement ne pas avoir à payer un loyer. Si mes parents sont un petit peu plus loin, eh bien il faut pouvoir le faire. Ce sont des dépenses, c'est aussi partir dans un monde qu'on ne connaît pas forcément, et donc il faut faire ce choix, et très souvent les ruraux, parce qu'ils souhaitent rester sur ce territoire, font ce choix de formations plus courtes, plus professionnalisantes, tout simplement parce qu'elles correspondent à un avenir possible sur place. Il faut aussi garder en tête que c'est quelque chose qui est très critiqué, je trouve, le fait que les ruraux souhaitent rester dans les territoires ruraux, ; alors que cet immobilisme n'est jamais critiqué chez les urbains. On ne va jamais critiquer un urbain parce qu'il ne veut pas s'installer et vivre à la campagne. Je connais des gens qui sont nés à Paris, qui ont vécu à Paris, qui ont fait leurs études à Paris et qui vont sûrement mourir à Paris, à aucun moment, ça ne pose problème, puisque c'est une grande capitale, il y a de l'emploi, il y a de la formation, il y a de la culture, etc. Quand un jeune souhaite faire la même chose, rester dans son territoire, mais que ce territoire serait, je ne sais pas, Barbezieux-Saint-Hilaire, eh bien d'un coup, on a l'impression que ça pose problème, et que finalement, il limite ses possibilités. Du coup, la question derrière, c'est est-ce que c'est problématique ? on observe cette primo rurale, donc le fait que les jeunes finalement touchent plus à l'emploi avec des faibles niveaux de diplômes que les urbains, notamment parce que la composition du marché de l'emploi le permet. Donc on peut se demander, est-ce que si ces jeunes arrivent plus à toucher à de l'emploi, c'est un réel problème ? Une des réponses que j'apporte dans ma thèse, c'est qu'en partie oui, parce que le marché de l'emploi est en train de se dégrader, mais finalement il se dégrade pour l'ensemble des jeunes. Et à côté, bien sûr, il faut garder en tête que le diplôme aujourd'hui, même s'il y a une inflation de sa valeur, "si tout le monde a le baccalauréat alors plus personne n'a le baccalauréat", c'est ce qu'on observe avec le brevet des collèges. Je trouve toujours extrêmement intéressant que la catégorisation pour le gouvernement de "sans diplôme" prend les jeunes qui ont le brevet des collèges. C'est-à-dire que si vous avez le brevet des collèges, vous êtes considéré comme sans diplôme. Donc c'est un diplôme qui n'est même plus reconnu. Ça devient un peu aberrant. Bref, cette course effrénée aux diplômes, certes, elle protège de la précarité, c'est indéniable. Les diplômes, par contre, perdent de leur valeur, mais surtout, plus que de chercher à tout prix à ce qu'un jeune, un lycéen, obtienne un diplôme, un diplôme supérieur qui limite encore plus les effets de la précarité, il faut surtout que ce diplôme soit cohérent avec le souhait de vie de ce jeune. Il n'y a aucun intérêt, à forcer un jeune à passer un master en langue vivante s'il retourne travailler sur un territoire où il n'y a pas cette demande en matière d'emploi. Donc plus que de penser en matière de diplôme et de niveau de diplôme, de les hiérarchiser, il faut se dire est-ce que ce sont des diplômes qui sont cohérents face à l'offre qui est sur place ? À côté de ça, une question au niveau de la formation, c'est est-ce que cette formation les rend heureux ? Est-ce que c'est une formation qui est intéressante ? Moi j'ai vu beaucoup trop de jeunes qui ont eu des orientations par défaut en leur disant "mais au moins ils pourront avoir un diplôme" et ce que ça fait, c'est que ce sont des jeunes qui ne sont pas heureux pendant leurs études, qui potentiellement risquent d'être perdus, de se retrouver un petit peu isolés. Et à côté de ça, c'est que ça participe au phénomène du décrochage scolaire, ces orientations par défaut. Donc même s'il faut accepter un droit à l'échec, un droit aussi à rester sur son territoire si on le souhaite, autant que ce que peut faire Chemins d'Avenirs, par exemple, en donnant la possibilité à des jeunes ruraux de suivre leur parcours, peu importe si c'est partir en ville ou rester chez soi. Sur cette question de la diplomation, je suis en train de faire une étude où je compare la manière dont les jeunes ont recours à différents types de politiques en fonction de leur territoire. Et donc, on compare un territoire urbain, un territoire urbain en quartier politique de la ville et un territoire rural pauvre. Ce qu'on observe, quand on compare ce que vous voyez comme commune urbaine étudiée et commune rurale étudiée, c'est un effet très différent du niveau de diplôme sur le chômage. Je ne l'ai pas indiqué, j'aurais dû, c'est le taux de chômage, par rapport au niveau de diplôme dans des territoires différents. Ce qu'on voit, c'est que dans la commune urbaine, on est à peu près sur les mêmes statistiques que la statistique départementale, régionale et nationale. C'est-à-dire qu'on a un effet protecteur du diplôme. Si on n'a aucun diplôme, on est à 25% à peu près au chômage. Si on a le brevet, on est à 16%. Si on a un CAP, on est à 14%. Baccalauréat, 14,3%. Et un BAC plus 5 : 6,5%. Dans la commune rurale étudiée, l'effet protecteur se fait beaucoup moins ressentir sur des faibles niveaux de diplôme. 45,6%, 42,2%, 40% pour finalement arriver à une statistique lorsqu'on a un bac plus 5 qui est équivalente au niveau, à peu près, équivalente au niveau 100 diplômes dans la commune urbaine étudiée ou de manière générale sur les autres échelles territoriales. Ce que ça veut dire, c'est qu'il faut aussi comprendre que ces territoires-là n'ont pas juste besoin qu'on pousse vers le diplôme, qui a un effet un peu modéré, mais qu'il y a aussi besoin de penser à une cohérence avec le marché de l'emploi. Ce que nous montre un tableau comme ça, c'est que sur cette commune rurale étudiée, le marché de l'emploi est brisé sur place. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas du tout. Il n'y a pas d'attractivité, il n'y a pas de dynamisme. Et donc, on peut proposer des diplômes, continuer de diplômer les jeunes, si le marché de l'emploi n'est pas capable d'absorber ces jeunes, c'est les jeunes qui vont risquer de tomber dans la précarité. Pour conclure, et je crois que je suis à peu près dans les temps, on ne peut pas dire que l'école rurale est moins bonne qu'en ville. Au contraire, on a des effets protecteurs sur son parcours lorsqu'on est en milieu rural. Ce qui limite ou ce qui donne l'impression qu'on a une orientation un peu plus limitée des ruraux, c'est le rapport qu'ils vont avoir avec leur territoire et ce qu'on va appeler l'anticipation d'un destin probable. C'est se projeter sur son avenir. Et donc dans ce cas-là, moi je pose ces trois questions. Est-ce qu'il faut accompagner vers les études supérieures pour limiter ces effets de la précarité et comment on accompagne ces parcours ? Est-ce qu'il faut continuer de développer les campus connectés ou les universités rurales, c'est-à-dire former sur place et donner des relais de proximité pour les territoires ruraux ? Et une autre question, c'est : est-ce qu'il n'est pas risqué à terme de, entre guillemets, "vider les campagnes de jeunes pour les faire partir faire des études" ? Est-ce qu'on n'a pas ce risque, au bout d'un moment, qu'à force de pousser les jeunes d'aller en ville faire des études, on se retrouve avec des espaces qui sont de moins en moins attractifs, de plus en plus précaires, de plus en plus diversifiés ? Est-ce qu'au contraire, la solution ne serait pas de développer des filières professionnelles d'excellence sur place qui correspondent au marché de l'emploi, qui puissent redynamiser aussi l'économie ? En tout cas, je vous remercie pour votre attention et je me réjouis des questions qui vont arriver. Merci M. Reversé. Alors une première question. Quelle place pour l'enseignement agricole, les MFR dans les zones rurales ? Et quelles sont les articulations, les complémentarités, les concurrences entre l'enseignement agricole d'un côté et l'éducation nationale ? Merci pour cette question. Je ne suis pas spécialisé sur les questions agricoles, mais en tout cas, ce qui est certain, c'est que ce sont des filières qui sont déjà souvent stigmatisées de manière assez négative, alors que c'est des domaines qui sont extrêmement complets, des domaines d'ingénierie de plus en plus. Ce qu'on remarque chez les jeunes que j'ai pu rencontrer, hormis les MFR, mais j'y reviendrai après, c'est qu'il y a une défiance envers ce secteur de formation, de travail et d'emploi. Beaucoup de jeunes que je rencontre veulent travailler dans le tertiaire puisque l'économie qui fait tourner les territoires ruraux, ce n'est ni le domaine industriel, ni le domaine agricole, mais c'est le tertiaire, c'est l'offre de services, c'est l'emploi présentiel et l'emploi résidentiel. En tout cas, j'ai notamment travaillé avec des collègues à l'INRAE qui avaient déposé des projets, alors malheureusement un collègue qui est décédé cette année et qui avait justement comme projet d'inverser un petit peu, comme on met des campus connectés, des universités rurales à la campagne, il proposait de donner la place à l'enseignement agricole dans les villes, justement pour le désenclaver et permettre une meilleure dynamique dans ce rapport entre formation-emploi, entre territoires ruraux et territoires urbains. Je continue sur la question sur les parents, sur la place des parents. Oui, sinon la question de… La question suivante, c'est, est-ce que vous avez observé, Monsieur Reversé, des différences entre les jeunes filles et les jeunes garçons, dans cette problématique ? Oui, alors si je peux quand même parler des parents, parce que c'est aussi intéressant. La famille, c'est… alors il y a un gros déchargement parfois sur les familles, sur pourquoi elles sont responsables. Elles ont une part là-dedans, mais ce qui est certain, c'est que les jeunes aussi, leur choix d'orientation, il se fait dans un monde connu. Un monde connu, c'est aussi le monde qui est connu par tout le monde. Tout le monde sait ce que c'est un boulanger, tout le monde sait ce que c'est un mécanicien. Et ensuite, c'est le monde connu par les parents, qui peut avoir un métier spécifique. Et dans ce cas-là, on sait un peu la filière qu'il faut faire. On sait comment on peut y accéder. On peut se dire qu'on aura aussi des tuyaux et donc pouvoir passer. Donc les parents, ils ont un rôle parfois de facilitateur dans les choix. au même titre que j’ai observé des situations où ils avaient, à l’inverse, tendance à limiter le choix et justement à forcer le jeune à ne pas partir. J’ai cette anecdote d’une jeune qui était, que j’ai rencontrée en mission de lutte contre le décrochage scolaire. Il y avait ses parents qui étaient là. Elle avait décroché, mais c’était pour un problème médical, pas du tout un décrochage parce qu’elle en avait marre de sa scolarité. Les conseillers demandent ce qu'elle veut faire. Elle voulait faire une première générale. On lui a dit que : c’était loin de chez tes parents, à plus d’une heure de route, et donc il va falloir que tu ailles en internat et potentiellement, ensuite, elle voulait faire des études donc partir à Limoges, pour faire des études, etc. et ses parents n’aimaient pas trop ça, très froids et au bout d’un moment ils font : "ben en fait tu nous abandonnes, tu ne nous aimes plus". Donc, vraiment et donc vous pouvez imaginer la jeune qui se met à pleurer, à hurler dans le truc et donc ça a été ça a été très compliqué et très dur à voir aussi. Mais on a parfois, j'ai beaucoup de récits de parents qui incitent leurs enfants à rester sur place parce qu'ils savent aussi très bien, ils ont conscience que cette jeune, si elle allait partir à Limoges faire ses études, elle risquait de ne jamais revenir. Et donc finalement, ils allaient peut-être perdre leur enfant. Et donc c'est lourd, on peut le comprendre émotionnellement. Encore une fois, les émotions ont un grand rôle à jouer, là-dessus ; donc forcément les parents ont leur rôle à jouer là-dessus. Il y a du coup sur les différences garçons-filles, alors oui, il y a de très grandes différences, en fait on a une reproduction assez genrée, où on a cette idée très essentialiste que les jeunes femmes se dirigent quand même beaucoup plus vers des métiers de « care », de service à la personne. Il y a notamment Perrine Agnoux qui a travaillé sur cette thématique. Il y a un très, très bon livre que je vous conseille, qui s’appelle « Les filles du coin » de Yaëlle Amsellem-Mainguy, qui traite de ces jeunes femmes, qui sont dans les territoires ruraux et comment on fait pour y rester. On a beaucoup de services à la personne et des orientations par défaut, qui sont choisies de manière genrée. Là où le bas blesse, c’est quand on est sur des jeunes filles qui décrochent et n’ont pas de diplôme à la campagne. Là, la peine est double. Il y a Benoît Coquard qui montre notamment que le taux de chômage peut être deux fois plus important, le taux d'inactivité deux fois plus important chez des jeunes filles que chez des jeunes garçons. Et notamment parce que sur des métiers avec une faible attente en matière de qualification, on a tendance à très largement préférer les garçons. Moi, j’ai cet exemple que je donne à chaque fois parce que je le trouve incroyable, d’un chef d’entreprise qui m’a dit que « je pourrais recruter une fille puisque les filles travaillent presque aussi bien que les garçons ». Donc, il faut bien noter le « presque », qui fait qu’il ne recrute pas de filles. Donc il trouve toujours aussi des excuses pour ne pas recruter des jeunes femmes. Ça peut être qu'on travaille dans le bâtiment et elles n'ont pas d'espace pour faire pipi. Donc je ne peux pas recruter de femmes. Ou alors cette idée qu'elles sont moins fortes, qu'elles vont avoir des enfants, qu'elles vont devoir quitter l'établissement, etc. Donc ça va être pénible au niveau de l'organisation. Bref. Il y a cette peine qui est double, et à l’inverse, lorsqu’elles souhaitent, on pourrait se dire qu’elles pourraient s’insérer sur des postes dits « féminins », avec des gros guillemets, donc des services de « care », de soins, des services à la personne. Et dans ces métiers-là, en fait, il y a déjà des jeunes filles qui essayent de se positionner là-dessus et qui, elles, sont diplômées. Donc finalement, elles arrivent derrière. Un autre élément qu’on remarque, c’est que de manière générale, là, on est en train de travailler avec les bases de données de l’Observatoire de la vie étudiante, avec Alban Mizzi et Joël Zaffran. Et un des éléments qu'on remarque, c'est que le départ en milieu rural pour faire des études est plus fréquent chez les jeunes filles. Les jeunes filles quittent plus les territoires ruraux et ont tendance à ne pas revenir d’ailleurs, aussi parce que l’offre d’emploi est une offre qui parfois est un petit peu plus masculine et donc qui est délétère à leur insertion professionnelle. Donc cet effet de rester, de faire des études un peu plus courtes est moins présent chez les filles. Malheureusement, ça ne veut pas dire qu’elles s’en sortent avec de meilleures situations socio-professionnelles, le plafond de verre et le plancher collant obligent. Merci. Alors, au début de votre intervention, mais aussi dans vos écrits, vous parlez de jeunes diplômés qui travaillent sans être rémunérés, en disant qu’ils font ça pour ne pas rester chez eux. Comment on pourrait faire pour que, plutôt qu’ils travaillent sans être payés ou ne rien faire, pouvoir plutôt les ramener en formation ? C'est très difficile. C'est très difficile. Pour des jeunes qui ont décroché, la raison pour laquelle ils ont décroché scolairement, c'est souvent parce qu'ils étaient pointés du doigt comme les vaincus du système scolaire. Moi, ce que je remarque, c’est que là, notamment dans le travail don’t je vous ai parlé sur les deux communes que j'observe, dans la commune urbaine, les jeunes ont tendance à se dire que l'école n'est pas faite pour eux. Et de manière intéressante, et les mots comptent aussi, dans la commune rurale, les jeunes disent qu'ils ne sont pas faits pour l'école. « Je ne suis pas fait pour l’école ». Et donc, ils ont tendance à l'essentialiser et de considérer que c'est leur faute s'ils sont inadaptés à l'école et qu'ils sont pas bons et que finalement, on leur fait comprendre en donnant des mauvaises notes, on fait comprendre que vous n'êtes pas bon et que vous êtes inadapté à la chose scolaire. En même temps, on vous demande de venir tous les jours au sein d'une institution qui vous dit que vous n'êtes pas bon. Donc, pour le développement mental, ce n'est pas toujours super. Et donc, ces jeunes qui ont ces difficultés-là se disent si je ne suis pas bon, à l'école, je dois être bon autre part et donc je dois être bon pour travailler. Et donc finalement, il y a une question aussi d'honneur qu'on s'impose à soi, d'image de soi, de valeur qu'on va essayer de se donner en se disant je vais me réinvestir dans le travail. et donc je vais prendre tout ce que je peux, je vais essayer de m'investir à fond même si je ne suis pas rémunéré, même si les horaires sont extrêmement fluctuants, même si ça ne fonctionne pas. et beaucoup se retrouvent avec des situations d'exploitation où il y a des agences d'intérim, des chefs d'entreprise qui profitent de jeunes qui veulent travailler coûte que coûte et qui n'ont pas beaucoup de moyens de se défendre. La difficulté c'est du coup comment on fait pour les faire retourner en formation parce qu'ils n'arrivent pas finalement à s'insérer professionnellement, pas de manière stable et pérenne en tout cas. Il faut, à mon sens, considérer plusieurs choses. La première, c'est qu'il faut laisser le temps. Ce que montre Juliette Vollet, c’est comme une sorte de deuil. On passe par plusieurs étapes, il faut qu'il y ait ce mécanisme. Et tant que le jeune n'a pas trouvé le sens qu'il peut donner à son raccrochage scolaire, au fait de retourner en formation, ça ne sert à rien de forcer un raccrochage. Ça va reprovoquer un second décrochage, je dis second parce qu'on n'aura pas de troisième en général, Et donc, c'est important de laisser le temps, ce qui peut être très frustrant quand on travaille avec des jeunes, des fois, c'est ce que je dis, il y a des jeunes, ils ne sont pas prêts, il faut peut-être leur laisser six mois, il faut peut-être leur laisser un an, peut-être leur laisser deux semaines. Et essayer peut-être plus de les orienter vers des formations qui sont détachées d'un aspect trop scolaire. Ce qu’ils dénoncent, ces jeunes, c’est le fait de rester sur une chaise à ne rien faire, ce qu’ils perçoivent comme « rien faire ». Et donc, il y a cette idée de devoir être actif, de devoir faire quelque chose, de prouver qu'ils sont capables de faire quelque chose avec leurs mains. Et enfin, dernier élément, qui n'est pas des moindres, c'est le fait qu'en touchant, en commençant à toucher à l'activité professionnelle, ils prennent en charge certaines dépenses. C'est-à-dire, je prends en charge mes cigarettes, je prends en charge mon forfait de téléphone, je prends en charge l'essence que je vais mettre dans la voiture. C’est quasiment impossible de faire marche arrière, de dire à ses parents : « maintenant c’est toi qui dois me re-payer mes trucs ». Tous le disent : « je ne le ferai jamais ». Et donc reprendre une formation qui n'est pas rémunérée, ça veut dire qu'on ne peut plus financer ce qu'on était en train de se financer, même si on galérait à avoir un petit peu de sous, au moins on en avait un petit peu. Donc il y a cette difficulté aussi à franchir, qui est le fait que plus on est en train de prendre son indépendance, plus on est indépendant aux ressources monétaires. Et donc retourner en formation et ne pas être payé, c'est assez impensable pour eux parce qu'ils ont besoin de ces sous pour réussir à s'en sortir. Donc voilà, c'est très dur. Une question, qui rebondit un peu sur l’anecdote que vous citiez, de la jeune fille avec la mission locale de lutte contre le décrochage scolaire : comment équilibrer les émotions liées à l’attachement familial et la confiance en soi nécessaire à la mobilité auprès de ces jeunes de milieu rural ? Alors c’est assez difficile, comme je le disais : est-ce qu’il faut critiquer ? Moi je me trouve toujours très mal placé puisque j'ai fait mes études à Bordeaux, j'ai toute ma famille à Bordeaux et donc j'ai du mal à dire, les jeunes, il faut qu'ils partent de leur famille. Alors je suis très content, moi, dans cette situation. Mais en tout cas, il ne faut pas frustrer la possibilité de faire cette mobilité, ça c'est évident. Et souvent, il y a aussi une crainte de cette mobilité. Ce que j'observe, mais que je ne suis pas du tout capable encore de rendre scientifique, donc c'est juste une observation que je pourrais donner, c'est que de manière générale, les jeunes, plus ils ont voyagé, plus ils acceptent cette idée de pouvoir partir ailleurs. mais parfois c'est juste un voyage scolaire. J'ai rencontré des jeunes qui n'ont jamais quitté leur région, leur département, voire les quelques communes autour de chez eux, qui ne sont jamais partis plus loin. Et donc pour eux c'est assez impensable de bouger. À l’inverse, ceux qui sont déjà partis ailleurs dans notre département, qui ont déjà voyagé, qui ont fait des voyages scolaires, en général, acceptent un peu plus cette idée de partir. Après, c’est une négociation relationnelle, il y a des questionnements émotionnels, le devoir, est-ce que je peux partir ? On fait un calcul très rationaliste, de coût du départ sur le gain du départ. Et souvent, dans ce calcul-là, il y a aussi les émotions, l'amour, son petit copain ou sa petite copine qu'il va falloir quitter et qui, bien sûr, quand on a 17 ans, est toujours à l'amour de sa vie avec qui on passera toute sa vie. Et donc, des fois, ça joue dans la balance sur une orientation aussi. Merci. Une autre question : vous avez évoqué les campus connectés. Quid des dispositifs, tels que les internats d’excellence ou encore les Cordées de la réussite pour la réussite des jeunes en milieu rural ? Alors, je devais travailler là-dessus et finalement, ça ne s'est pas fait. Donc, dans un autre univers, je vous aurais fait une réponse beaucoup plus fournie que celle, un peu courte, que je vais pouvoir vous faire. Je pense qu'il y a parfois un danger dans certaines représentations qu'on peut avoir de la formation, qui reste l'idée, quand on parle de l'excellence au singulier, je trouve ça dangereux. Parce qu'on a tendance à hiérarchiser certains parcours, Derrière beaucoup de questionnements, il y a cette idée que la ville serait la solution à tous les problèmes des jeunes ruraux, qu'il faut partir en ville pour faire ses études et il faut travailler en ville. Or, on a énormément de jeunes qui sont déjà très heureux. C'est bête, mais le facteur joie est important dans la vie. et surtout des jeunes qui s'en sortent très bien en dehors de ces dispositifs. Après, encore une fois, je pense que c’est nécessaire de multiplier les dispositifs dans les territoires ruraux, parce qu’à l'inverse, certains jeunes peuvent être prisonniers de la faible offre sur le territoire, Certains, en fait, ne peuvent pas bouger, ne peuvent pas partir de chez eux, aimeraient faire des études. Moi, j'ai rencontré des parcours frustrés comme ça, et c'est très dur à entendre. Donc, il faut aussi donner ces possibilités-là. Est-ce qu’éventuellement, nous aurions la chance de connaître le titre de votre prochain ouvrage, M. Reversé ? Oui, alors, il y en a trois, mais il y a celui que je suis en train de terminer, qui maintenant s’appelle : "La Vie de cassos, enquête auprès d’une jeunesse rurale en survie", où j’utilise justement le terme de cassos, qui est un terme très fort et très dur, pas tellement que je les considère comme ça, mais qu’ils sont perçus et ils sont insultés, les jeunes que j’ai pu étudier, de cette manière. Ce que j'essaie de voir, c'est comment on fait quand on est jeune pour essayer de se créer, pour devenir un grand, pour devenir adulte. Lorsqu’on n’a des fois pas de diplôme, lorsque l’on est dans des situations de pauvreté, voire de misère, lorsqu’on n’a pas de capitaux, pas de ressources, qu’on est dans un territoire rural et qu’en plus de tout ça, en plus de tous ces éléments très durs à vivre, eh bien on est perçu comme le cassos du coin, comme le perdu, le baraki, l’assisté, tout ce qu’on veut. Et qu’est-ce que ça fait d’être pointé du doigt là-dessus, et en miroir, qu’est-ce que ça veut dire de nous, de notre société, que l’on ait une telle facilité à utiliser ce terme de cas social ou de cassos pour insulter les gens ? Moi-même, je me reprends des fois en insultant les gens en voiture quand on me refuse la priorité. C'est toujours intéressant de se demander ce qui se passe là et de montrer aussi une jeunesse complètement invisibilisée. On ne parle pas d'elle ou alors qu'en mal. Donc c'est normalement mon prochain ouvrage qui sortira en septembre. Voilà, je fais l'instant promotion. On a une enquête en cours avec un collègue ami, Cédric Calandraud, qui est photographe et on a un projet qu’on est en train de mener qui devrait donner un livre en fin d’année prochaine, normalement, de photo-sociologie. On va avoir des jeunes dans les missions locales et pendant deux jours, ils prennent des photos et ils étudient leur photographie, dans des ateliers, sur leur quotidien, leur rapport au territoire, leur vie, leurs déboires, leur bonheur, qui donnera, je pense, un très beau livre. Et un dernier, un petit peu moins sur cette thématique, qui va s’appeler « Le Petit Guide de survie aux discussions des repas de famille ». où on va essayer de casser avec une vingtaine de sociologues, on va casser les idées reçues, les grandes idées reçues qu’on entend, les pontifes au repas de famille et qui me hérissent les poils. Voilà, c'est aussi un travail d'économie pour moi, de ma santé mentale pendant les fêtes. Merci beaucoup. Il nous reste deux minutes, peut-être une dernière question. Vous avez parlé tout à l’heure de développer des filières d’excellence en milieu rural, en lien avec des métiers locaux. Comment analysez-vous du coup, par exemple, les problèmes de recrutement du lycée, des métiers du bâtiment de Falta, qui présente effectivement des formations d'excellence, mais qui connaît par contre de grandes difficultés pour recruter des élèves ? Si on reprend, je vais essayer de faire vite parce qu'on a deux minutes, mais si on reprend historiquement, lorsque l'on a allongé les formations au cours des 50 ou même des 100 dernières années, ce qu'on a développé, c'est que l'école a un but inclusif et en même temps exclusif. Son objectif, c’est d’inclure le plus d’élèves et en même temps de les former, de distinguer le bon grain de l’ivraie, parfois. À partir du moment où tout le monde va jusqu’au collège ou à peu près au collège ou au lycée, eh bien, il faut un nouveau moyen de hiérarchiser. Et il y a des auteurs qui expliquaient que, plutôt que faire par niveau de formation, donc quantitatif, on a tendance maintenant à faire des hiérarchies par filière. Et donc aujourd'hui, on sait très bien qu'un bac professionnel ne vaut pas un bac général sur le marché de la formation. Et ensuite sur le marché de l’emploi. Ce sont des réalités qui sont différentes. La grande difficulté qu’on a eue, c’est de percevoir la distinction à la fois dans les formations et à la fois sur le marché professionnel, entre des métiers qui puissent être un peu d’excellence et intellectuels, et des métiers pratiques qui sont du coup dévalorisés. Il y a un très bon livre de Matthew Crawford qui s’appelle « L’Éloge du carburateur » à ce propos, qui est fantastique, je ne peux que vous le conseiller. Et le problème, c'est qu'à force de dévaloriser ces filières-là, on ne les voit plus que comme des voies de garage. Et même lorsqu'on insiste sur le fait que ce sont des filières d'excellence, parce qu'à mon sens, on n'est pas plus excellent en sociologie qu'on est excellent en mécanique, on peut être très bon dans tout, mais historiquement, ça fait plus d'une centaine d'années qu'on est en train de dégrader tout le travail concret. Pendant le Covid, j'avais eu cet espoir qu'on puisse enfin se rendre compte que la distinction n'est pas tellement entre ces travaux intellectuels qui seraient supérieurs, d'organisation, de cadre, etc. et des travaux concrets, manuels, qui seraient inférieurs, mais qu'en fait il y a des métiers qui sont dispensables et il y a des métiers qui sont indispensables. Sociologue au quotidien, vous n'en avez pas besoin, on s'en sort plutôt bien. C'est mieux s'il y en a, à mon avis, mais c'est dispensable. Beaucoup de métiers, qui sont des métiers qui sont vus comme plutôt de basse condition, sont des métiers indispensables, la plupart. Et à partir du moment, mais en tant que société de manière plus large, où on n'a pas changé cette manière de penser, on a toujours l'impression que c'est cette division entre de l'intellectuel abstrait et du physique, du manuel concret qui est hiérarchisé, à partir du moment où on va prendre ça, on a encore cette idée que ce sont des voies qui sont dévaluées, alors que pas du tout. Il n'y a pas un mode d'excellence, il n'y a pas un mode d'intelligence Heureusement qu'il y a des formations dans le bâtiment qui sont excellentes, dans plein de domaines remarquables, mais il faut changer les mentalités, ça prend beaucoup de temps.
Les jeunes de milieu rural se tournent bien plus que les autres élèves vers des filières courtes et professionnalisantes. Quels sont les mécanismes sous-jacents à ces choix d’orientation ? Clément Reversé est maître de conférences en sociologie. Après avoir soutenu sa thèse sur le sujet des jeunes ruraux sans diplôme, il s’est intéressé à travers deux recherches aux jeunesses en situation de vulnérabilité au prisme des territoires.
Vidéo publiée en octobre 2024
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