Maître nageuse spécialité handisport

Cécile Guérin (maître nageur sauveteur):

Alors, actuellement, j'ai un groupe avec des enfants. Ils ont entre 9 et 11 ans.

J'ai deux groupes d'adultes, un groupe de loisirs, un groupe de compétiteurs. C'est vraiment une petite spécificité dans mon travail de tous les jours. C'est seulement 3 heures par semaine, parce qu'il n'y a pas forcément un gros public. Du coup, ce n'est pas forcément facile d'emmener les gens qui sont handicapés à leur dire : "Vous pouvez nager, venez". On est sur l'apprentissage du crawl, dos crawlé. On commence un petit peu sur des coulées pour les emmener à la compétition. On a deux enfants qui sont hémiplégiques, donc là, les conseils vont être les mêmes, même si au niveau du degré de l'hémiplégie, c'est différent. On a deux autres enfants qui sont grands prématurés. Du coup, c'est encore différent, parce qu'il y a beaucoup de problèmes de coordination, d'attention de temps en temps, et du coup, il faut être un peu plus précis dans ce qu'on dit et ne pas donner trop de consignes à la fois. C'était bien le crawl. Applique-toi, respire bien sur le côté, va doucement. La difficulté, c'est quand les personnes ne naissent pas avec le handicap, mais que le handicap intervient après. Là, il y a un gros travail psychologique à faire dans l'acceptation du handicap, mais du moment qu'ils viennent déjà au sport, c'est que le chemin est déjà bien entamé. Quand on emmène des enfants dans le circuit de compétition, il y a deux solutions, soit les parents sont super fiers et le handicap s'efface et ils se retrouvent comme des compétiteurs au milieu de d'autres compétiteurs, soit au contraire, le fait d'être avec d'autres personnes handicapées, les parents bloquent un peu plus, parce que ça les remet un peu plus face à la réalité du handicap de leur enfant. Quand on passe le brevet d'état, on nous demande de choisir une option, donc on a le choix entre bébé nageur, senior, handisport, sport adapté. Pense à souffler par la bouche. Donc là, j'ai choisi le handisport, parce qu'il y avait un club handisport sur Grenoble. Donc, j'ai commencé là-dedans il y a 6 ans, en stage, et au final, ça m'a vraiment plu, donc j'ai passé mon certificat et j'ai continué et j'entraîne, du coup, sur les clubs dans le handisport. Le certificat de qualification handisport, c'est un diplôme qu'on passe en deux étapes. La 1re partie, on étudie le handicap de manière vraiment théorique. La neurologie, des choses comme ça. Ensuite, il y a une 2e partie, qui là, par contre, pour la natation, est à Bordeaux. Donc, une semaine de cas pratiques, où on est avec du public handicapé et on voit comment adapter nos séances. Quand on n'a pas une spécialisation, on peut quand même se lancer là-dedans au départ. Je pense qu'il arrive un moment où on est vite limité pour l'adaptation des exercices, la compréhension, et puis, sur certains handicaps, notamment s'il y a des handicaps évolutifs, il faut avoir vraiment des bases bien plus approfondies pour comprendre ce qui se passe. Ma satisfaction personnelle, c'est quand les enfants ou les adultes atteignent leurs objectifs ou quand, en compétition, je commence à emmener mes nageurs en championnat de France. Là, ça commence à être sympa. Mais avant tout, c'est pour eux et si eux, ils sont là, ils s'éclatent et ça leur fait plaisir, moi, ça me va.