Ce qu'on attend d'un accompagnateur à l'orientation, ce n'est pas de donner la réponse à un projet, à une question très précise, mais c'est de développer des compétences à s'orienter. Ce qui veut dire l'aider à décrypter l'information qu'il va avoir, l'aider à avoir un esprit critique et une lecture critique sur les offres de formation. C'est aussi d'anticiper certains écueils, c'est à dire aider le jeune à prendre en compte le fait qu'il y aura de la mobilité, il y aura des frais, il y aura des des concours, des exigences et des oraux. C'est aussi amener le jeune à anticiper tout ça pour savoir où il en est par rapport à ça. Et finalement, ce travail, c'est un travail de pédagogie. C'est le travail que nous faisons au quotidien dans chaque discipline et en cela nous sommes légitimes.

Alors quand on discute avec les enseignants, il y a plusieurs choses qui remontent systématiquement. L'un des problèmes qui revient, c'est souvent le problème de légitimité de la part des enseignants qui ne se sentent pas le personnel le plus adéquat pour répondre aux questions d'orientation. Le manque de préparation globale vis à vis des informations, vis à vis des enjeux. Et puis, il y a toujours quelque part un problème de confiance. Beaucoup d'enseignants se sentent investis d'une mission avec un énorme poids et ils ont bien sûr très peur de mal faire, de mal conseiller, de mal aiguiller parfois ces jeunes. Beaucoup ont l'impression que c'est leurs choix qui vont conditionner ou en tout cas l'information qu'il va donner, qu'ils vont conditionner les projets et les choix des élèves. Alors qu'en fait, concrètement, nous ne sommes pas orientateurs mais nous sommes accompagnateurs à l'orientation.

Souvent, les enseignants ont en fait besoin d'être rassurés dans leur pratique vis à vis des enjeux de cette orientation. Il y a plusieurs choses qu'on met en place. Déjà, premièrement, c'est de leur faire prendre conscience qu'ils ne sont qu'un maillon parmi d'autres, c'est qu'ils n'ont pas une responsabilité absolue à un moment T', c'est qu'il y a eu un travail en collège et il y aura une continuité de travail. Des fois, faire découvrir aux enseignants ce qu'il se passe dans les écoles, dans les universités, les dispositifs de suivi, les rassure un petit peu quant à leur place dans un premier temps. Dans un deuxième temps, souvent, c'est aussi l'impression de ne pas être prêt qui leur pose problème, de ne pas faire la bonne information. Ce qui les rassure là aussi généralement, c'est de se rendre compte. Et pour ça, on a un référentiel de compétences qui est développé, qui est un très bon outil pour les aider à se rendre compte qu'au final ils les font ces compétences, ils les appliquent déjà naturellement. C'est que ce qu'on demande à un enseignant, c'est la même chose que ce qu'il fait dans son cours disciplinaire, à savoir de l'information, du dialogue, du conseil, du suivi. Et c'est aussi les amener à se rendre compte que, au quotidien, qu'ils soient professeurs principal ou pas, ils font de la formation à l'orientation en donnant du goût pour une discipline, en faisant un petit spotlight sur des métiers qui vont être en lien avec avec justement une partie du cours, une activité. Donc il y a des compétences qu'ils développent auprès de leurs élèves naturellement, sans avoir besoin de faire un effort supplémentaire, sans avoir besoin de creuser. Il y a quelques compétences spécifiques au sujet de l'orientation et c'est là que le référentiel permet de cocher un petit peu ce qui est fait et ce qui reste à faire, de voir ce vers quoi il pourrait tendre sur ses heures de vie de classe, sur un approfondissement de l'accompagnement à l'orientation. Ceux qui sont un petit peu perdus sur la mise à jour des offres de formation, on leur fait voir différents sites ou différentes activités qui leur permettent d'avoir accès rapidement à des outils de recherche ou des synthèses ou des diagrammes. Et puis pour des professeurs qui sont un petit peu plus perdus vis à vis des enjeux des spécialités, là aussi, nous avons beaucoup d'outils, notamment numériques, qui ont été mis en place, en particulier, je pense à des outils fait par l'ONISEP, qui permettent de voir la portée qu'a le choix d'une spé ou d'une autre sur le suivi de la première, sur le suivi de la terminale et le post-bac. Donc on a ces interfaces qui nous permettent de voir ce qui se passe avec la portée de chaque spécialité, l'abandon d'une spécialité ou pas. Et puis bien sûr, on a aussi le site Parcoursup que beaucoup d'enseignants connaissent de nom mais n'ont jamais parcouru, qui est souvent un bel outil avec l'impact, le pourcentage pris en compte de telle ou telle compétence pour la part des élèves. Donc on leur fait voir ça en fonction de leurs besoins et de leurs demandes.