Cette question de l'orientation, elle traverse les temps et à tout moment, finalement, on peut s'apercevoir que c'est toujours compliqué pour un jeune en construction de passer de cette étape d'enfant à adulte. Néanmoins, il y a eu des réflexions qui se sont amorcées au cours du XXᵉ siècle. Donc si on resitue un petit peu quelques grands repères, le XXᵉ siècle, le début du XXᵉ siècle est particulièrement marqué par la démocratisation et la massification de l'éducation, l'essor de l'industrie, des flux migratoires, principalement de l'Europe, vers les Etats-Unis. Toutes ces transformations amènent finalement de nouveaux besoins en termes d'orientation et l'une des réponses qui va être apportée à ce moment là, ça va être beaucoup d'utiliser les tests psychotechniques ou les tests psychométriques pour pouvoir cerner les aptitudes des personnes. Donc, il s'agissait très souvent, dans une approche très adéquationniste, de se dire est-ce que la personne a les aptitudes pour pouvoir suivre telle formation ou accéder à tel métier ? Alors, au cours des années 192- 1930, il commence à avoir cette réflexion de se dire aussi qu'il pourrait y avoir non seulement des enjeux, de mesurer les aptitudes, mais aussi peut être de répondre à des besoins d'informations. Donc on voit apparaître, à ce moment là des premières séances d'informations à destination des jeunes qui sont notamment portées par les chambres du commerce et de l'industrie. A ce moment là, il commence à y avoir cette réflexion de se dire est ce qu'il faut privilégier une approche informationnelle ou au contraire rester sur sur ce versant psychotechnique ?

Alors dans les années 50-60, de nouvelles idées émergent et c'est là qu'apparaît cette réflexion sur une approche développementale. Cette vision développementale du jeune. Et dans les travaux qui émergent autour de cette vision développementale, on retrouve l'émergence d'un courant éducatif avec cette idée qu'il va falloir apprendre aux jeunes à s'orienter. Et en fait, progressivement, il y a un véritable intérêt qui naît autour de l'éducation à l'orientation qui va se concrétiser en 1996 par une circulaire à destination des collèges et des lycées qui pose les bases d'une éducation à l'orientation et qui va traduire cette éducation à l'orientation en termes d'objectifs d'apprentissage que l'on pourrait assimiler à des compétences. Ensuite, on arrive en 2008 où la directive de l'Union européenne met en avant la question de l'orientation tout au long de la vie, avec cette idée que finalement, chaque individu, tout au long de son parcours, peut être amené à faire des choix, à engager des actions, à avoir des réflexions autour de son projet qui pourrait l'amener à vouloir changer de métier, à vouloir reprendre des études, à vouloir envisager certaines transitions durant son parcours. Et suite à cette directive de l'Union européenne en 2008, on voit apparaître en France la loi de 2009 sur la formation et l'orientation tout au long de la vie. Donc dans ces textes, on voit de manière de plus en plus affirmée la question des compétences à s'orienter. Et ce n'est pas seulement quelque chose qui va être spécifique à la France ou à l'Union européenne, mais c'est plus largement un mouvement mondial où de nombreux pays proposent aujourd'hui des référentiels de compétences à s'orienter pour pouvoir cadrer justement les objectifs d'un accompagnement à l'orientation.

Pour caractériser le monde d'aujourd'hui, on utilise parfois l'acronyme VICA avec le V pour volatilité qui désigne le fait qu'on est dans un monde changeant. Le I de incertitude qui renvoie au fait qu'il y a une certaine forme d'imprévisibilité dans le monde d'aujourd'hui. Ensuite, on a le C de complexité. Ça va être synonyme d'interconnexion et de vision systémique, avec l'idée que parfois un petit changement peut avoir de grandes répercussions dans d'autres sphères de vie. Et enfin, on A le a d'ambiguïtés avec cette idée que finalement les informations ou les décisions que l'on a à prendre, manquent parfois de clarté peuvent rentrer en conflit. Alors d'un côté on a ce monde VICA et en face on a cet individu avec finalement cette idée qu'il va falloir lui permettre de pouvoir naviguer dans ce monde VICA. Et pour pouvoir naviguer dans ce monde VICA, les compétences à s'orienter peuvent justement être un levier, un levier parmi d'autres ressources que l'individu aura à mobiliser. Alors la particularité peut être, de cet accompagnement ou de cette vision de compétence à s'orienter, à acquérir, c'est que finalement ici, on va travailler aussi sur des besoins que l'individu n'aurait peut être pas immédiatement. C'est à dire que finalement, dans lorsqu'on accompagne une personne à développer des compétences à s'orienter, on ne travaille pas forcément sur des besoins immédiats, mais on est plutôt sur une vision à long terme de qu'est ce que l'individu aura besoin tout au long de sa vie pour pouvoir construire son parcours ?