Bonjour, je m'appelle Julien, je suis campaniste dans une fonderie de cloches à Ville-Dieu-les-Poils dans la Manche. Mon métier de campaniste, ça correspond à l'installation des cloches, l'entretien et aussi la restauration. L'installation, ça peut être une cloche neuve qui a été fabriquée chez nous et ensuite on va participer à toute installation électrique pour que celle-ci puisse sonner avec un tableau de commande. On a des moteurs électromécaniques, ce qui est disjoncteur, contacteur. On a vraiment toutes nos pièces pour faire nos coffrets électriques déclochés. Ma formation, c'est un bac pro électrotechnique. Je suis arrivé en tant qu'électrotechnicien et après j'ai appris sur le tard à travailler le bois, à travailler la ferronnerie. Parce que le joug est en bois, les brides sont en acier, les moteurs sont de l'électronique, donc il faut toucher à tous ces métiers. La partie entretien, c'est une vérification annuelle. On regarde la cloche en elle-même s'il n'y a pas eu d'éclatement de métal. On regarde si les points de frappe ne sont pas abîmés. On vérifie aussi toute la partie électrique parce que ça sonne tous les jours. Suite à l'incendie, les cloches de Notre-Dame ont été ramenées chez nous. On les entretient, c'est-à-dire qu'on a refait les pièces de bois ainsi que les bélières. Les bélières, c'est la partie qui traverse la tête et qui permet d'installer le bâton à l'intérieur. On les a nettoyées aussi. Je fais aussi du dépannage. On peut être appelé par des mairies parce que les cloches ne sonnent pas. On essaye d'y aller le plus rapidement possible. Ça peut être une panne mécanique, ça peut être une chaîne qui a cassé, ça peut être un bâton qui s'est cassé, mais ça peut être aussi une panne électrique. Là, on a tous nos appareils de mesure. J'ai cherché les causes des pannes. C'est vrai que c'est quelque chose que j'aime bien, surtout quand j'ai trouvé. Je trouve tout le temps. Moi, ce qui m'a plu, c'est la diversité. J'ai pu travailler sur une cloche qui fait 13 tonnes. C'était le bourdon Emmanuel de Notre-Dame-de-Paris. La plupart des cloches sont dans les églises, mais il y a aussi des cloches, ça peut être dans des écoles. Certains particuliers aussi, on installe des cloches chez eux. Je peux très bien, une journée, aller installer un moteur électronique, le lendemain, aller installer un tintement, la fin de semaine, être dans la menuiserie à travailler sur un joug en bois. Les contraintes du métier, il ne faut pas avoir le vertige évidemment, on travaille souvent en hauteur, certaines conditions où il fait un peu froid, et je dirais peut-être de faire pas mal de routes. On peut avoir un dépannage qui est à deux heures, deux heures et demie de route. Pour faire ce métier, il faut être rigoureux, il faut avoir le sens du détail, il faut être vigilant parce qu'on travaille sur des gros objets. Un dépannage, on peut y aller seul, mais les gros chantiers, on est en équipe. Il faut savoir que quand on change une pièce de bois, il faut déposer la cloche, donc on met un système de palan. On est au minimum deux pour ce genre de choses et on peut être trois, quatre pour des gros chantiers, des restaurations ou des froids. J'ai un responsable campanaire. On travaille aussi ensemble, on fait les chantiers ensemble. Il y a beaucoup de boulot pour les campanistes, beaucoup de restaurations, de remises en normes électriques. On va dans des endroits où très peu de personnes vont. J'entretiens le patrimoine. C'est vraiment un beau métier.