Je m'appelle Pauline, je suis éditrice dans une maison d'édition.
Le métier d'éditrice, souvent, on le décrit en disant qu'on est un peu le chef d'orchestre de la création d'un livre, puisqu'on est vraiment l'interlocuteur de toutes les personnes qui travaillent sur le projet du livre ou du jeu. Donc, d'un côté, les personnes extérieures à l'entreprise, donc bien sûr, l'auteur ou l'autrice, les illustrateurs, les graphistes qui mettent les livres en pages, qui créent les couvertures. Et puis, de l'autre côté, on est l'interlocuteur, aussi, de tous les gens qui travaillent dans l'entreprise pour nous aider à faire le livre. Donc, ça va être le service fabrication qui va nous aider à choisir le bon papier ou le bon format de l'ouvrage, ça va être les services commerciaux, le marketing, le marketing digital, nos collègues de la cession de droits qui essaient ensuite de vendre nos livres à l'étranger, nos collègues de la presse, également.
Ce qui est le plus connu, c'est quand on reçoit des manuscrits par La Poste et qu'on publie un roman, ça, c'est un peu l'image qu'on a tous de l'éditeur. Nous, on fait plutôt de la commande. Donc, souvent, l'idée de l'ouvrage va venir de nous. Par exemple : l'année prochaine, Thomas Pesquet repart dans l'espace. Peut-être que c'est le moment de sortir un livre-jeu sur l'espace. Donc, nous, on crée le projet de A à Z et on va s'entourer de l'équipe qui nous semble la plus appropriée pour écrire un livre-jeu, pour les enfants, sur l'espace.
D'abord, je travaille avec l'auteur pour valider un scénario, un pitch, un sommaire, ce genre de choses. Ensuite, l'auteur l'écrit et moi, je fais des allers-retours avec lui pour corriger, d'un côté, bien sûr, les fautes d'orthographe, la grammaire et de l'autre côté aussi, et c'est ça qui est le plus fun, de dire : "Là, cette énigme-là, elle me semble un tout petit peu trop compliquée pour notre cible, qui est les six-sept ans." Ou alors, dans le cadre d'un roman : "J'adore ton histoire, mais je pense que la fin manque peut-être un petit peu de profondeur." Et ensuite, s'il y a un illustrateur, une illustratrice, on va faire également des allers-retours avec cette personne, donner des briefs d'illustration, recevoir des croquis, les valider, ensuite, on passe à la couleur. Une fois que le texte et les illustrations sont OK, j'envoie tout ça en maquette. Donc auprès de graphistes ou de maquettistes pour mettre le texte en page, faire un design super joli, choisir la typographie du texte, comment est-ce qu'on va mettre en avant les débuts de chapitres ? C'est là qu'on vérifie que la couleur n'est pas trop sombre ou qu'on voit bien qu'il y a des clés différentes. Là, il y a un petit 13, par exemple, je veux être sûre qu'on le voit. Parce que le lecteur, s'il ne le voit pas, il ne pourra pas continuer l'aventure.
On est une maison d'édition qui publie une soixantaine de livres, ou de jeux, par an. Là, par exemple, je travaille sur cinq ou six livres, ou jeux, à la fois. Il faut jongler tout le temps, un petit peu, entre les projets. Dans la même journée, on peut travailler sur un livre de recettes, un jeu de société, un guide de jeux, on ne s'ennuie pas.
Le métier d'éditrice, ça peut être stressant. Le fait d'être l'interlocuteur privilégié de tout le monde, c'est à la fois super parce qu'on parle à plein de gens, mais c'est aussi source de stress parfois, parce qu'on va être la personne vers qui tout le monde va se tourner dès qu'il y a un problème, une question. On a des plannings à tenir, par exemple un calendrier de l'avent pour Noël. Nous, on les sort fin octobre parce que comme ça, les gens ont le temps de les acheter. Si je suis en retard et que j'envoie mon fichier en impression en retard, et que le livre sort en janvier, évidemment, personne ne va acheter le calendrier de l'avent. Il faut absolument qu'on soit à l'affût de toutes les nouvelles tendances. On a toujours le cerveau, les engrenages qui tournent pour essayer de trouver le bon format, et de proposer des choses qui vont plaire aux lecteurs.
J'ai fait, d'abord, une licence de sciences du langage et ensuite un master, en alternance, en métiers du livre et de l'édition.
La littérature jeunesse, c'est absolument un choix de mon côté. Il y a des livres, bien sûr, mais il y a des jeux de société, il y a aussi des loisirs créatifs, on peut faire des cartes à gratter, on peut faire des pinceaux magiques, on peut faire des livres sonores pour faire découvrir Mozart à des enfants qui ont deux ans. C'est incroyable, c'est vraiment hyper divers, hyper fun. Et donc, pour moi, c'était sûr, c'était la jeunesse ou rien.