On a constaté, nous, au niveau de l'IME, que l'on faisait du travail dans les ateliers professionnels avec les jeunes, mais on avait peu de traçabilité des compétences acquises. Et les jeunes passaient quatre voire cinq ans dans les ateliers professionnels, et en ressortaient sans avoir d'attestation de compétences acquises pendant leur parcours de formation. Et le partenariat avec les lycées (Les guiguieres) nous donne la possibilité de valider un certain nombre de compétences, soit par l'obtention d'un CAP, c'est ce qui est visé en premier ; et si le CAP ne peut pas être obtenu par les jeunes, par l'obtention des attestations de compétences professionnelles que peut délivrer l'Éducation nationale.
La coordination entre l'équipe du Clos d'Or et l'équipe de l'IME, elle se fait par le biais essentiellement d'une personne qui est chargée d'insertion professionnelle chez nous et qui a accompagné Lucas dans les premiers temps au lycée du Clos d'Or.

Il suit pour le moment, tous les travaux pratiques le mercredi et le vendredi, avec un lien qui est fait régulièrement entre l'enseignant principal du Clos d'Or et moi-même, ainsi que son éducatrice technique spécialisée, qui s'occupe par exemple de reprendre tout ce qu'il a appris au lycée du Clos d'Or. L'objectif est qu'il puisse arriver à suivre les cours pour que ça se passe au mieux pour lui dans le groupe classe.

On n'apprend pas réellement à faire à manger, même si c'est un atelier professionnel. Le but ici, c'est vraiment de les familiariser avec le monde professionnel. C'est-à-dire toutes les attitudes à adopter, que ce soit du savoir-vivre, du savoir-être, l'assiduité, la ponctualité, le travail en équipe.

Lucas, aujourd'hui, il doit faire les blinis de pommes de terre. Purée de pommes de terre classique avec jaune d'œuf, sel, poivre. Insertion de blancs d'oeuf montés en neige, et cuisson à la poêle en individuel.

Pas trop sur les bords, Lucas. Au centre de l'assiette.

C'est quand même un enfant qui a des capacités. L'IME lui propose certaines choses. Mais pour lui, ça n'allait pas assez loin. Le fait d'intégrer le lycée du Clos d'Or pour Lucas, il s'est dit : "OK, j'ai un handicap, mais je suis capable d'aller au-delà."

On est sur un temps partagé entre l'IME et le lycée pour le moment. Il est envisagé, si c'est possible, pour la rentrée prochaine, d'augmenter un peu son temps de présence au lycée du Clos d'Or. Mais ce sont des choses qui se font progressivement.

Les premiers TP, ils ont travaillé à deux. C'est-à-dire qu'il y a eu Lucas, et à côté, il y avait un de ses camarades, qui tout de suite est venu l'aider. Son intégration a été plus que parfaite. Il s'est senti à l'aise tout de suite, il a pu travailler tout de suite, il a pu servir tout de suite. En binôme au départ, et après tout seul. Il y a des choses qu'il ne peut pas faire: il ne peut pas porter comme nous quatre assiettes à la fois, ou débarrasser quatre assiettes, il les fait une à chaque main. Au niveau technique taillage, ça reste encore un peu difficile. Par contre, il sert très bien les boissons. Il sert très bien le vin, il sert très bien l'eau.

Ce n'est pas facile, mais j'essaie d'apprendre et de mémoriser. J'aime bien parce que j'apprends beaucoup de choses, je découvre beaucoup de choses qu'à l'IME je ne fais pas.

Ce matin, d'abord, on a travaillé sur le menu, quel est le menu du jour, donc l'explication commerciale, qu'est-ce qu'il faut comme matériel. C'est un travail écrit. Ensuite, il a préparé tout son petit matériel office : les verres, les assiettes, nettoyage. La mise en place de sa table : nappage, mis en place des couverts et des verres. Et après, il est allé préparer son entrée pour ses clients du midi, à savoir la salade terre-mer.

Salade terre-mer, composée de jambon cru, saumon cru, fromage, des tomates et de la salade. Ça montre des techniques que je ne connaissais pas avant, que maintenant, je suis en train d'apprendre.

Les changements que nous avons remarqués par rapport à Lucas, c'est qu'il est de plus en plus autonome. Il fait de plus en plus attention à sa façon de se présenter.

Le fait que Lucas passe par ce dispositif pourra lui permettre de chercher plus facilement un travail en milieu ordinaire, pouvoir accéder à un travail en milieu ordinaire, avec un début de CAP ; ou en tout cas, avec une orientation professionnelle qui sera beaucoup plus aboutie du fait de ce parcours, et avec une professionnalisation plus importante que ce qu'on peut offrir nous à l'IME en termes de contenu, aussi bien contenus théoriques que contenus pratiques.

L'avenir, on le construit avec Lucas jour après jour. Là, on est sur une démarche de certification, d'accès au CAP. La question après de l'intégration professionnelle : est-ce que ce sera en ESAT, est-ce que ce sera dans une autre structure, viendra en temps et en heure, mais on se donne aussi la possibilité de faire évoluer les projets en fonction des compétences que montrent les jeunes dans le cadre de leur parcours. Moi, ce que j'ai tendance à dire, c'est que dans ce projet, l'important ce n'est pas tellement la question de la réussite ou pas des jeunes, c'est la question de leur donner leur chance d'aller se confronter au milieu ordinaire, et de voir ce qu'ils sont capables de faire.