Je m'appelle Julie, j’ai 25 ans et je suis conservatrice-restauratrice de vitraux. On restaure les vitraux parce qu'ils s'abîment avec le passage du temps.
Dans le cas de Notre-Dame, ils étaient en place depuis 1880, donc il y avait une forte couche de suie, et il y avait également quelques casses dûes à l'incendie.
Les vitraux, c'est un grand ensemble qui peut faire jusqu'à 10-20 m², et c'est plein d'éléments, comme une sorte de grand puzzle. On va retirer chaque panneau pour les transporter jusqu'à l'atelier
qui est situé à Saint-Maur-des-Fossés, en région parisienne. On va noter toutes leurs dégradations. Une fois qu'on a fait ces constats d'état, on va réaliser les traitements de nettoyage.
On a, justement, la suie, la poussière, les dépôts calcaires... En cas de fracture, on va recoller les verres. Je change ma lame de scalpel. Ça fait un peu chirurgien, des fois. On est les médecins des vitraux. Les panneaux qui sont très altérés, dans ces cas-là, on va devoir copier le panneau retrouver des verres s'approchant des verres d'origine, retravailler à la peinture, cuire ces verres et remonter les panneaux, donc il y a vraiment beaucoup d'opérations différentes.
Le vitrail, c'est du verre serti dans du plomb. Vu qu'on est exposé quotidiennement au plomb, il faut qu'on fasse attention. J’ai à la fois un filtre P3, donc c’est pour les particules de plomb.
Et à la fois, il y a différentes classes de filtres pour les solvants et pour les microparticules. C'est technique dans le sens où on doit bien comprendre les œuvres, le verre ou les dépôts pour ne pas altérer l'œuvre originale. On ne va pas soigner de la même manière des vitraux du 13e siècle, du 16e siècle ou bien des vitraux contemporains avec des verres plus épais.

Pendant notre cursus, on va apprendre la chimie et on doit trouver les bons traitements. J'ai choisi ce métier parce qu'il y avait le côté manuel, mais aussi le côté plus scientifique où on les étudie. J'ai fait une licence d'histoire de l'art avec le parcours "préservation des biens culturels", qui m'a permis d'obtenir le master de conservation-restauration des biens culturels, et donc d'être diplômée d'État en conservation-restauration.

Une fois que ces panneaux sont restaurés, on les achemine jusqu'au lieu d'origine et on les repose en place. C'est un métier qui allie à la fois la force et la fragilité. Sur site, on va devoir venir travailler avec des marteaux et des burins, par exemple, donc il faut être assez musclé, et en même temps, il ne faut pas faire de casse sur les verres donc il faut être délicat.
Il faut être minutieux, patient, il faut avoir un bon sens de l'observation aussi.
Par ce métier, on s'inscrit vraiment dans une chaîne des savoir-faire, des métiers du patrimoine et de l'artisanat, et c'est vraiment impressionnant de comprendre comment ils travaillaient au Moyen Âge ou même au 17e siècle, et nous, de faire les mêmes gestes.
J'aime bien la variété des œuvres qu'on rencontre. On a accès, aussi, à des parties des édifices qui sont inestimables, on touche les œuvres qui sont souvent à 20 mètres du sol et les objets sur lesquels on est amenés à travailler sont vraiment magnifiques.
On est aussi amenés à travailler en collaboration avec des maçons, des serruriers et même des architectes. C'est tout un partage de connaissances. On en découvre tous les jours. On intervient à la fois sur les églises, les cathédrales, les musées et un petit peu les particuliers, mais c'est plus rare. Il y a des vitraux partout en Europe donc on est amené à travailler partout.
Que les personnes dans 10, 50, 100 ans puissent le voir, ça fait chaud au cœur. Enfin, c'est pour ça qu'on fait ce métier, au final. On doit apporter du cœur à l'ouvrage, mais on ne doit pas laisser notre marque dans le temps. On doit vraiment être des passeurs, des passeurs de lumière, un peu.