Yves, apprenti en 2nde bac pro services aux personnes

Yves Soumarmont :

Je m'appelle Yves, j'ai 16 ans. Je suis ici pour faire un bac pro SAPAT, Service aux Personnes et aux territoires. Je suis dans mon année de 2nde, donc je suis en alternance. Une semaine, je suis ici et une semaine, je suis en entreprise.

- En quoi vous pouvez intervenir pour maintenir sa température ? Vous pouvez lui donner un médicament si vous avez le droit dans le cadre de votre travail, etc.

Yves Soumarmont :

Au tout début de ma scolarité, donc en 6e, j'étais dans un collège privé. J'étais un élève assez perturbateur. Il s'est avéré que je me suis fait virer en fin de 4e. Ma deuxième 4e, car j'ai redoublé ma 4e. Donc, j'ai dû retourner dans mon collège de secteur, Rozay-en-Brie. À la fin de ma 3e, je ne savais pas vraiment dans quoi m'orienter, sachant que mon père était maçon, je me suis réorienté vers la maçonnerie. Mon père a décidé de m'envoyer dans un lycée où il était quand il était plus jeune, donc dans la creuse. L'atelier, c'était vraiment pas quelque chose qui me plaisait, alors que c'est le but de la maçonnerie. J'en ai parlé à mes parents. On a été au CIO. Je leur ai expliqué que c'était le sport qui me passionnait beaucoup. J'aimais bien aussi les enfants. Donc, ils m'ont proposé, dans mon lycée, vu que j'aimais pas ce que je faisais, de faire des stages d'une semaine avant et après les vacances dans ce que je voulais. Tout de suite, j'ai pris les enfants. J'aimais bien, ça allait. Après, j'ai voulu essayer les maisons de retraite.

J'ai vraiment adoré.

Laura Mamay (coordonnatrice de formation au CFA La Bretonnière) :

C'est vraiment sa vocation. Il a déjà fait des stages dans son cursus scolaire précédent, donc il savait, en arrivant ici, que c'était ce qu'il voulait faire. Il n'y avait aucun doute là-dessus.

- Par exemple, une peinture. Quel est le but d'une peinture ? Esthétique.

Yves Soumarmont :

J'avais contacté La Bretonnière déjà au mois d'octobre 2012. Je les ai rappelés, rappelés, rappelés. Ils ont dit qu'ils pouvaient me prendre, mais il fallait que je trouve un patron avant le 31 décembre. Je n'ai pas trouvé de patron. J'ai dû finir mon année en bac pro maçonnerie. J'ai cherché et je ne trouvais toujours pas. Je suis quand même venu ici.

Laura Mamay :

Yves est arrivé à la rentrée en n'ayant pas d'entreprise. Il a fait le choix de quand même commencer son cursus scolaire, ce qui est très bien. Il s'est battu. Il a vraiment contacté tout ce qu'il pouvait autour de chez lui.

Yves Soumarmont :

Ma période de recherche a duré pratiquement pile un an. J'ai pas baissé la tête et j'ai continué à chercher et j'ai trouvé au final et tout le monde était content pour moi.

Claude Planquette (maître d’apprentissage) :

Dans le cas d'Yves, je peux pas dire qu'on l'a recruté parce que c'est un garçon, mais on essaie de pallier un petit peu. Une des problématiques, c'est qu'on a 99,9 %, on pourrait dire, de personnel féminin.

Laura Mamay :

Les filles ont tendance à plus aller vers ces formations, et les garçons un petit peu moins. En l'occurrence, on est sur des classes avec très peu d'effectif où aujourd'hui, Yves est le seul garçon. Dans sa classe, il y a 6 élèves. Sachant que normalement, on est plus sur un équilibre entre 15 et 20 élèves. Je suis arrivé en cours et au final, on n'était que 6, ce que j'ai trouvé assez étrange. On en a discuté avec la prof et elle m'a dit qu'en gros, ils n'avaient pas de patron.

Claude Planquette :

Pendant 3 ans, il sera toujours en accompagnement d'un salarié formé dans notre structure. C'est sûrement ce qui fait la difficulté par rapport à d'autres types d'apprentissages. C'est vraiment s'engager à avoir un doublon de personnel permanent pendant 3 ans.

Laura Mamay :

On lui a accordé qu'il prenne le temps de trouver dans un secteur qui lui plaisait. On préférait qu'il prenne un petit peu plus de temps pour trouver une entreprise qui lui convenait pour ses 3 années de formation, plutôt qu'il prenne quelque chose qui ne convienne pas et risquer la rupture plus tard.

Claude Planquette :

Il a un sens du contact assez étonnant. Il a déjà une maturité sur cet aspect-là qui est impressionnant.

Yves Soumarmont :

Je trouve que j'ai beaucoup mûri grâce à la filière que je fais aussi. C'est le fait d'échanger avec des personnes âgées. C'est des personnes qui ont vachement de choses à vous apprendre. Des choses que je n'ai jamais vécues, qu'ils ont vécues beaucoup. Quand j'aurai leur âge, j'aimerais bien aussi qu'on s'occupe de moi comme je m'occupe d'eux à l'heure actuelle.