Ce qui met énormément de stress chez les jeunes, c'est qu'on leur renvoie sans arrêt la question, en fait, qui es tu ? Essaye de savoir qui tu es, ce à quoi tu aspires, qu'est ce que tu veux faire ? Etc. Et c'est une question extrêmement stressante parce qu'elle présuppose que l'identité, c'est à dire ce que l'on est, en fait, préexiste et qu'il faudrait le découvrir. Et là, le jeune se retrouve seul avec soi même en disant qui je suis, et en fait, il n'y a pas de réponse parce qu'en fait l'identité, ça se construit.

On ne peut pas choisir si on n'a pas une conscience vraie, réelle de son identité. Et donc, c'est d'abord nous dans l'éducation nationale, puisque c'est notre métier, c'est de les aider à mieux se connaître. Et pour les aider à mieux se connaître, il faut que nous, on soit en mesure de valoriser les talents, c'est à dire aller non pas vers une orientation qui serait subie, mais une orientation choisie sur des talents qu'on ne connaît pas toujours soi même.

Quand on a quinze ans, on est dans cette période d'adolescence et c'est vrai qu'au plan psychologique, il y a un tas de changement, que ce soit le corps, la pensée et que, au sein de l'Education nationale, le fait de se confronter aux savoirs scientifiques, littéraire permet déjà un peu de voir où on a des appétences, des goûts, des attirances, des facilités. Et c'est vrai que tout ce qui est réforme du bac, des diplômes aujourd'hui conduisent à choisir des parcours, des spécialités en fonction de cette envie.

Souvent, l'orientation, ce n'est pas que de l'information, c'est des rencontres, c'est de la curiosité sur le monde. Et nous, ce qu'on essaie de faire quand on accompagne un jeune sur un parcours d'orientation, c'est justement de l'ouvrir sur le monde.

On apprend à se connaître par les autres, déjà. On apprend à se connaître à travers les expériences qu'on fait, les stages. Il y a des outils de connaissance de soi, il faut le savoir, à travers des entretiens, des entretiens d'orientation, puisque l'objectif à terme, c'est de faire la synthèse de ce qu'on sait faire et de ce qu'on voudrait faire, de ses compétences propres et personnelles.

Il faut être à l'écoute, à l'écoute de soi même. Mais effectivement, le talent, il ne s'identifie pas forcément facilement, donc y compris être à l'écoute des autres. Et ce talent, il peut se révéler dans de multiples occasions, de la vie ordinaire, de la vie à l'école ou de la vie à côté de l'école, autour du sport ou d'autres activités. Il faut savoir écouter ce que nous disent nos proches parce que nos proches nous connaissent et connaissent nos talents. Ils nous connaissent et en principe ils nous veulent du bien.

Les enseignants, souvent, sont là aussi pour détecter ce qu'on va appeler les petits talents et qui peuvent devenir effectivement, à l'âge adulte, de grands talents.

C'est aussi tout l'enjeu à l'école de permettre aux jeunes de se mettre en valeur et finalement de développer des talents qui ne sont pas forcément que scolaires, qui ne sont pas liés qu'aux notes, qui peuvent être extrascolaires pour petit à petit, gagner en confiance et se rendre compte qu'on est capable. Donc, c'est toutes les expériences qui sont aujourd'hui développées autour de la citoyenneté, d'expériences artistiques, culturelles et puis évidemment purement scolaires. Mais c'est ce qu'on doit travailler absolument quotidiennement.