Transcription
Philippe Torreton, bonjour.
Bonjour.
Ensemble, on est parti pour découvrir votre parcours et peut-être inspirer les étudiants, les jeunes qui nous regardent. On va revenir un peu dans le passé, lorsque vous étiez ado, votre maman vous a inscrit à un stage de théâtre et en cinquième, vous avez rencontré un professeur qui vous a beaucoup marqué. Est-ce que vous pouvez nous en parler ?
Oui, bien sûr. Ça a été Monsieur Désir, Gérald Désir, qui était mon professeur de français au collège Édouard Branly à Grand-Quevilly. Il avait conseillé à mes parents de m'inscrire à ce club théâtre tous les mercredis parce que j'étais très timide, mais vraiment puissance 10, timoré même. Je préférais dire que je ne sais pas ma leçon plutôt que de la réciter, par exemple, d'où certaines mauvaises notes. Donc, c'était assez handicapant. Je me suis retrouvé dans ce club théâtre, mais vraiment avec le tampon éducation nationale, professeur qui fait foi et tout ça, et sans que le théâtre ne soit passé par moi d'une quelconque façon avant. Ça m'a tout de suite plu que les profs soient un peu moins des profs et un peu plus des amis, ça me plaisait aussi d'utiliser le collège le mercredi après-midi où il n'y avait personne. Donc, pour les timides, on récupère un peu l'objet, c'est un peu à nous. On est un petit peu à part, on est un petit clan comme ça à part. Là, le théâtre, ça permettait de reconquérir un peu d'estime de soi. Je crois que c'est vraiment ça, le théâtre, c'est se découvrir grâce aux autres et c'est découvrir les autres grâce à moi, grâce aux efforts que je peux faire pour aller vers les autres. C'est l'émancipation que ça permet, la reconquête de soi.
Vous avez des élèves très timides qui viennent un petit peu en premier parce que les parents les envoient surtout en disant : "Tu es timide, ça te fera du bien." Et puis parfois, ils se révèlent et ça fait du bien de les voir s'épanouir, surtout qu'ils sont à des âges où l'adolescence n'est pas facile, le travail avec son corps.
L'école, c'est agressif. Même une super école, c'est agressif. La vie en communauté est agressive, même si on est entouré de gentils, ça reste agressif. Mais je suis toujours sur un banc d'école. Je suis fidèle à ça, à mes impressions, à mes tremblements, à mes peurs. Je n'ai jamais quitté ça. On en fait une arme, comme dans les arts martiaux.
Et une force.
Je suis faible, donc je vais utiliser ma faiblesse pour faire basculer l'adversaire. Donc, une force, oui.