Je suis Nicolas Alito, ingénieur qualité au Centre national d'études spatiales en Guyane. Alors, ce n'était pas un rêve, mais le spatial était un objectif pour moi, parce que venant de Guyane, depuis petit, j'ai pu voir des fusées décoller, les différents lanceurs Ariane : Ariane 4, Ariane 5. Et c'est vrai que c'était toujours très spécial, étant à l'école, on entendait beaucoup de bruit d'un coup et là, lorsqu'on levait les yeux au ciel, on voyait la trajectoire de la fusée.
En troisième, j'étais un élève très moyen, je serais tenté de dire. Je ne faisais pas forcément mes devoirs. Sauf qu'à partir de la seconde, j'ai eu une sorte de déclic. J'ai pris conscience que mon travail, ce n'était pas pour des personnes aux alentours, mais pour moi et pour mon avenir. Donc, j'ai décidé à partir du lycée de faire beaucoup plus d'efforts et d'atteindre mes objectifs. J'ai suivi une filière économique et sociale.
Pendant ma période de terminale, j'ai eu l'occasion de visiter Aéroports de Paris, donc j'ai rencontré des professionnels du management et de la qualité. Et à l'issue de cette rencontre, je me suis inscrit en DUT Qualité, logistique industrielle et organisation. Donc, j'ai démarré avec une formation courte.
À l'issue de ce DUT, j'ai voulu poursuivre mes études en licence professionnelle Qualité dans les industries aéronautiques et spatiales, en ayant l'idée un jour d'intégrer le Centre spatial Guyanais.
Après, j'ai intégré un Master Qualité Sécurité Environnement, j'ai fait ma formation de master en alternance et ça m'a permis vraiment de vivre le monde de l'entreprise au quotidien, en parallèle de mes études.
Après mon Master 2, j'ai souhaité intégrer une entreprise à l'étranger, donc j'ai intégré une société aéronautique française en Allemagne, à Hambourg, durant deux années où j'ai pu parfaire ma langue étrangère. Au retour de l'Allemagne, je n'ai pas eu de difficultés à trouver un emploi. J'ai accepté un emploi en Guyane pour me rapprocher de ma famille.
Après cette expérience, j'ai voulu repartir vers un nouveau défi et je me suis dit pourquoi pas pousser un peu plus au sein d'une grande école pour un nouveau diplôme ? Donc, j'ai intégré l'École nationale d'aviation civile, l'ENAC à Toulouse, pour faire un diplôme de management des transports aériens.
Après l'ENAC, la recherche d'emploi, avec un stage de nouveau en Allemagne. J'ai intégré une compagnie aérienne allemande et après cette expérience, j'ai intégré une compagnie aérienne antillaise. Et là, le Covid arrive avec son lot de difficultés, surtout pour le transport aérien et la recherche d'un nouveau défi. Et j'ai eu la chance à ce moment-là d'intégrer le CNES.

Allez, venez avec moi, on va passer la journée ensemble!

Le CNES, c'est le Centre d'Etudes Spatiales et l'Agence Française pour le développement des activités spatiales. Le Centre National d'études spatiales en Guyane est le garant du fonctionnement du Centre spatial guyanais port spatial de l'Europe et le CNES supervise l'ensemble des activités sur le site du CSG.
Je suis ingénieur qualité au CNES. Juste un petit rappel de contexte, au Centre spatial guyanais, nous sommes une base de lancement, il en existe beaucoup dans le monde. Donc, pour se différencier et se démarquer, pour attirer les clients, il faut les fidéliser, leur donner envie de revenir chez nous, répondre à leurs besoins. Et les métiers de la qualité ont été mis en œuvre pour justement répondre à cette question : qu'est-ce qu'on peut mettre en place au sein de l'organisation pour assurer une prestation conforme à ce que le client attend, et lorsque la fusée décolle, qu'il soit satisfait de l'expérience qu'il a vécu au CSG port spatial de l'Europe ? Par exemple, lorsque le satellite arrive en Guyane, dans un premier temps, il arrive par avion, puis il est acheminé dans ces bâtiments d'accueil des satellites. Mais avant de le recevoir, il faut que l'ingénieur qualité puisse rencontrer toutes les personnes qui travaillent dans les domaines de l'énergie, de la climatisation, de la conformité satellite afin de voir si tout est prêt tout simplement pour accueillir ce satellite. On réalise plusieurs contrôles sur le terrain, de manière à anticiper les éventuelles anomalies pour que lorsque le client arrive, tout soit prêt, un peu comme à l'hôtel. C'est-à-dire lorsqu'on arrive dans un hôtel, on aime que la chambre soit propre. C'est pareil pour le bâtiment d'accueil satellite. Lorsque le client arrive, il veut pouvoir se brancher tout de suite et travailler rapidement sur son satellite.

On a encore un petit peu de temps. On a l'énergie, là, qu'on a connectée, c'est pour connecter le (d'Oli). Oui.
Qui sera dans le sas qui est connecté à l'énergie pour que… On a déjà tiré le câble. On n'aura plus qu'à tirer inaudible quand le client arrive. On essaye d'avoir tout prêt avant comme ça, c'est plus simple.
OK. Et les baies du client seront où ?
Seront ici.

Alors lors des lancements, les journées de travail sont complètement différentes. On n'est plus forcément au rythme que l'on a d'habitude. On est davantage sur un rythme qui est cadencé par les délais du lancement de la fusée. Donc, c'est vrai que durant ces périodes, c'est assez intense. Il y a un vrai bouillonnement sur la base. Tout le monde est sur le pont d'une certaine façon et nous à la qualité, on essaie d'accompagner au mieux toutes ces équipes et jusqu'au bout, on est concentré pour que le lancement se passe bien. Nous sommes devant le (CCU3), le container charges utiles. C'est un moyen de transport qui permet de transporter les gros satellites, donc des bâtiments de préparation de charges utiles, de remplissage, jusqu'au bâtiment d'assemblage final. En tant qu'ingénieur qualité, nous sommes venus ici pour contrôler ce moyen de transport. Le fait de me voir parfois à la télé, à cette place-là, parfois, je ne réalise pas. Mais je suis très fier en tout cas de ce que j'ai pu accomplir pour être là. Et j'encourage l'ensemble des étudiants, des élèves à persévérer dans l'heure, dans leurs études, parce que moi, je ne me considère pas forcément comme un élève brillant, mais c'est vraiment au gré des efforts et des rencontres que j'ai pu atteindre cet objectif.

On a passé une bonne journée ensemble. Je vous ai montré l'univers de mon métier. Maintenant, allons voir Anaëlle.

Je m'appelle Anaelle Horth, je suis ingénieur sûreté protection. Alors du coup, j'étais plutôt bonne élève, plutôt très bonne élève d'ailleurs, avec toujours l'idée de devenir ingénieure un jour, sans savoir exactement ce que c'était un ingénieur, en troisième.
Après le collège, j'ai fait un bac scientifique avec option mathématiques, parce qu'à l'époque, j'aimais bien les mathématiques.
Ensuite, j'ai fait une classe préparatoire aux grandes écoles en Guyane, pendant deux ans, un cursus physique, chimie et sciences de l'ingénieur où là, j'ai un peu moins aimé les mathématiques, plutôt les sciences de l'ingénieur, parce que du coup, les mathématiques deviennent très vite un peu compliquées et ensuite, il a fallu poursuivre vers la métropole. Donc, du coup, je suis parti à Bordeaux, dans une école d'ingénieur à Bordeaux.
Ça n'a pas été simple, parce que du coup, vous arrivez en France métropolitaine où vous êtes un peu tout seul. Donc, du coup, il faut mûrir et puis il faut faire ses études, parce qu'on est là pour ça et que ça coûte cher aux parents, donc il faut finaliser les études.
Une fois le diplôme en poche, j'ai fait un premier stage à Paris dans le domaine de la défense et j'ai enchaîné tout de suite avec un premier job dans ingénieur système toujours lié à la défense et ensuite j'ai basculé sur de l'automobile. Du coup, j'ai travaillé pendant cinq ans à Paris avant de postuler ici et de rentrer au centre national d'études spatiales.

Allez, venez, on va passer la journée ensemble. Je vais vous montrer mon métier!

Mon métier, c'est de garantir la sécurité au sein du Centre spatial guyanais. Alors du coup, on est dans un centre spatial, qui est un établissement sécuritaire avec des risques et des dangers. Vous avez des clients satellites qui viennent avec leur bébé, leur satellite qu'il faut surveiller. On manipule des objets dangereux, on est sur un grand territoire, donc du coup assez vaste où on n'a pas forcément accès partout. Il y a des informations secret défense pour le spatial. Donc, oui, il est important pour nous de restreindre les accès, de surveiller les établissements et de garantir que tout se passe bien partout.
Du coup, on va aller tester le portail de l'entrée qui vient d'être réparé. On part avec une radio, moyen de communication essentiel et une collègue qui va venir m'aider.
Alors mon rôle dans tout ça ? Moi, je fais partie de l'entité gestion de systèmes, donc je m'occupe vraiment des systèmes de sûreté protection. On parle de systèmes de sûreté protection, on parle de vidéosurveillance, de portails, de clôtures, de barrières, de contrôle d'accès, de détection incendie aussi. Et du coup, moi, je gère ce système-là, donc je suis en charge de garantir que partout sur le site, les clôtures sont en bon état, les barrières sont en bon état, les portails fonctionnent, les caméras sont propres. On visualise ce qu'on veut visualiser qu'il n'y a pas de danger particulier sur nos systèmes.

Fin des essais. C'est bon pour moi.

En tant que sûreté protection, vous êtes toujours impactés par les nouveaux projets du Centre national d'études spatiales. Donc, on m'appelle, on me sollicite pour vérifier tout le temps qu'un nouvel établissement, un réaménagement d'établissement, un nouveau projet, une nouvelle activité sur la base est sécurisée de la bonne façon avec le bon niveau de réglementation respecté et en fonction du site qu'on nous présente, on est capable d'avoir un œil critique et de dire bon, ce site-là par exemple, il faudrait au moins x caméras, il faudrait au moins x lecteurs de badge, il faudrait que cette porte-là soit sécurisée, cette porte-là, derrière, il y a des éléments sensibles, il faut que ça soit sécurisé de telle façon. Et on arrive comme ça, avec notre expérience, à définir les niveaux de sécurité nécessaires en fonction des sites et des projets présentés. J'ai un chef de la sûreté qui est chargé de piloter les équipes gestion système. Il y a aussi le chef de service qui nous guide et qui nous pilote sur nos tâches de sûreté, de protection et au quotidien, on a plusieurs interlocuteurs, les sous-traitants qui s'occupent de la maintenance des systèmes, du gardiennage du site, mais aussi les gendarmes, les forces armées, les démineurs. Donc, ça, ce sont aussi nos interlocuteurs, parce que ce sont des gens avec qui on travaille au quotidien.

On va faire un test de franchissement d'obstacles. C'est ma première fois, donc j'espère que je vais y arriver.

Alors Largo, c'est un véhicule très important pour nous, un véhicule tout terrain qui nous permet d'explorer les pistes, qu'il fasse beau ou qu'il pleuve. Ça nous permet du coup de surveiller toute la zone du CSG. Il y a tellement de choses à faire que d'un jour à l'autre, vous ne savez pas ce qui va vous tomber dessus. Des fois, c'est une anomalie que vous n'avez pas prévue et des fois c'est la routine qui fait que ça marche super bien. Vous n'êtes pas toujours à votre bureau, vous êtes rarement seul parce que vous côtoyez beaucoup de monde. Et cette dynamique qui est mise en place par les différentes activités qu'on mène, c'est ça qui me plaît.

Et voilà, je vous ai montré une partie de mon métier. Pas tout, parce que le reste est secret défense. Maintenant, je vous invite à aller voir Xavier.

Je m'appelle Xavier Nérault, je suis expert en traitement de l'informatique temps réel pour la télé-mesure.
En quatrième ou troisième, j'étais un bon élève. À cet âge-là, je n'avais aucune idée de ce que je voulais faire dans le futur.
Après le bac, j'ai fait deux années d'éco-gestion à l'université. Je ne m'épanouissais pas dans la comptabilité. Du coup, j'ai tout recommencé à zéro. Par passion, je me suis orienté vers l'informatique, donc une école d'ingénieur en informatique. Dès mon inscription en ingénierie informatique, j'ai su que j'avais fait le bon choix. Je me suis épanoui tout de suite. J'ai reçu le titre d'ingénieur et j'ai rajouté une sixième année de spécialisation en sécurité des systèmes informatiques. Puis j'ai commencé à travailler, sur Paris, pendant deux ans, pour finalement revenir en Guyane et être embauché au CNES.
J'ai effectué neuf ans dans le service télécommunication et information et aujourd'hui, ça fait quatre ans que je suis dans le service mesure. J'ai d'abord été spécialiste en télé-mesure et depuis peu, je suis expert sur les fonctions que j'occupe.

Suivez-moi, je vais vous montrer mon métier!

Mon métier, en fait, consiste à superviser des stations qui se trouvent partout dans le monde. Ce sont des stations de télé-mesure. Les stations de télé-mesure sont équipées d'antennes qui permettent d'acquérir des signaux de télé-mesure, qui viennent du lanceur ou du satellite. Et ces signaux, en fait, nous permettent de dire si le lanceur est sur la bonne trajectoire, à la bonne vitesse, s'il va bien ou éventuellement si les satellites sont placés au bon endroit. Toutes ces données sont centralisées au travers de traitements informatiques et c'est le traitement informatique du CSG qui dispatche aux différents clients les informations dont ils ont besoin pour assurer leurs missions. Le métier de responsable de télé-mesure se compose en deux grandes parties. La première, c'est les lancements. Sur un lancement, deux responsables de télé-mesure sont réquisitionnées pour le J0, donc le jour du lancement. La partie lancement ne se résume pas à venir s'asseoir ici. C'est tout un travail qui est en amont et l'aboutissement justement de tout le travail qui a été fait en amont, c'est le jour du lancement et c'est être assis dans la salle Jupiter.

Nous sommes en salle Jupiter, au centre de contrôle et justement de cette salle, les responsables de télé-mesure supervisent et pilotent les antennes qui se trouvent dans les stations aval, donc toutes les stations qui se trouvent sur la trajectoire du lanceur.

La deuxième partie consiste à être un chef de projet sur différentes affaires, qui permettent en fait à la base de vivre, d'évoluer et restent à la pointe de la technologie et restent toujours concurrentielles dans le monde du spatial. Ça peut être la signature de contrats avec des partenaires spatiaux pour avoir des projets d'évolutions de stations de télé-mesure, d'évolution en antennes, d'achats d'antennes, d'implantation de nouvelles stations de télé-mesure. Au quotidien, je suis en relation avec des équipes industrielles, dont celles qui maintiennent les antennes pour la télé-mesure.

Cette antenne derrière moi, c'est la Stella 43. Elle est utilisée pour les lancements, donc du décollage jusqu'à, à peu près, plus dix minutes après le décollage, elle permet de dire si le lanceur est sur la bonne trajectoire, à la bonne vitesse et que tout se passe bien. C'est mon outil de travail.

L'industriel avec qui je travaille est en train de vérifier les rouages de l'antenne, vérifier les pressions d'huile et afin que l'antenne soit prête et dispo pour le prochain lancement. Le rôle du responsable de la télé-mesure est vaste et varié. Ce n'est pas juste un rôle d'opérateur de lancement. C'est un chef de projet avec de multiples casquettes et de multiples responsabilités. Pour exercer mon métier, il faut de la rigueur. Une certaine méthode, aussi. Et il faut être sérieux tout le temps, parce qu'on n'a pas souvent droit à l'erreur.

A tous de DDO, attention pour le décompte final. Dix, neuf, huit, sept, six, cinq, quatre, trois, deux, un, top.

Allumage, Vulcain. Allumage des UAP, décollage. Les paramètres de propulsion sont tous nominaux.