Moi, c'est Chloé Dehaene, j'ai 31 ans. L'hiver, je travaille en station de ski et l'été, je suis bergère depuis neuf ans. Ce métier, je l'ai découvert un peu par hasard. J'ai rencontré une bergère. On a fait une saison ensemble et je suis tombée amoureuse du métier.
Alors, les missions d'un berger : des éleveurs, un ou plusieurs éleveurs nous confient leur troupeau. Donc nous, l'objectif, c'est d'engraisser les animaux en alpages. Donc ça, c'est vraiment le principal objectif.
Ensuite, on a pour objectif d'entretenir l'espace naturel, que les arbres ne poussent pas plus. On a également tout ce qui touche aux soins, soigner les animaux, les pattes cassées, plein de soins différents.
Une journée type sur l'alpage : on sort les brebis du parc de nuit parce qu'elles sont parquées la nuit pour les protéger du loup. Ensuite, on donne le biais, c'est-à-dire qu'on les emmène dans le secteur où on veut qu'elles pâturent. On reste avec elles, on les surveille, on les contraint dans une zone. Ensuite, quand elles ont fini leur premier repas, elles chôment, c'est-à-dire qu'elles se posent pour ruminer. Donc là, c'est un temps de pause. Souvent, c'est le midi. Elle redémarre l'après-midi pour refaire un deuxième repas et à la fin de la journée, on regroupe tout le monde, on les redescend au parc de nuit et on les rentre. Et voilà, la journée est terminée. Après, ça peut arriver qu'on ait des soins à faire. Donc, on les trie et on les soigne.
Alors nous, sur l'alpage de Combe Madame, on est deux : Valentine et moi. On a 700 brebis et c'est un alpage qui est assez compliqué. C'est dans le massif de Belledonne, il y a beaucoup de cailloux, beaucoup de dénivelés. Le fait d'être deux, ça simplifie un peu le travail. Après, on peut très bien garder aussi tout seul. Il y a des alpages où on peut être seul, avoir un plus petit troupeau. Il faut être sportif parce qu'on crapahute beaucoup. Il faut aussi être très polyvalente parce qu'on fait beaucoup, beaucoup de choses : les soins, la garde, le travail avec le chien. Il faut aussi être patient parce qu'on a des journées où, des fois, on se surveille juste, ça peut être long. La patience, c'est très important. Les inconvénients, c'est qu'on est tous les jours dehors, quelle que soit la météo. Les brebis, il faut qu'elles pâturent, même s'il pleut. Après, on fait des grosses journées. On démarre à sept heures, on rentre à 21 heures en début d'été. Ça fait des grandes plages horaires. Dans les choses vraiment très, très compliquées, les animaux peuvent se blesser, tomber, avoir des fractures.
Les avantages : quand il fait beau, on a un bureau magnifique. C'est sûr, on est en montagne, on est dans la nature et je trouve que l'on a une certaine liberté. Les éleveurs nous donnent leurs brebis en début de saison. On gère comme on veut, on les conduit comme on veut. Et ça, pour moi, c'est très, très important. Ma relation avec les brebis, c'est important, mais la relation avec le chien, c'est très, très fort parce qu'ils sont là pour nous aider. C'est un outil de travail, mais c'est aussi un compagnon et sans eux, on ne fait pas grand-chose. Moi, ce qui m'a plu avant tout, c'est le contact avec les animaux, le calme, vraiment vivre au rythme de la nature, au rythme des brebis, être dehors, au grand air et vivre vraiment au jour le jour, loin de tout, isolée. Vivre avec l'essentiel, c'est ça le plus important, oui.